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Conférence à Bourgoin-Jallieu

Par Belgarion, le samedi 28 avril 2007 à 10:01:00

« Fées, elfes, dragons et autres créatures »...
Tel était le programme de cette manifestation qui court jusqu'au 30 mai à la médiathèque locale, et notre camarade belgarion s'y est rendu hier en personne, afin d'assister à une conférence, en présence de André-François Ruaud et John Howe, pas moins !
Retrouvez ci-dessous ses impressions !

La conférence de Bourgoin-Jallieu, reportage !

Après quelques erreurs d'aiguillage pour atteindre le lieu de conférence à Bourgoin Jallieu, votre serviteur n'a pu arriver qu'à 9 heures 15 avec un petit quart d'heure de retard. Nonobstant le retard, l'accueil du personnel de la médiathèque quant à lui était des plus compétent.Qu'à cela ne tienne, une fois à l'intérieur de l'auditorium où siégeaient environ soixante-dix personnes l'ambiance était très éloignée des petits soucis matériels et horaires.

André-François Ruaud interrogeait John Howe sur l'estrade pendant qu'une grande quantité des oeuvres de l'auteur étaient diffusées en boucle sur le grand écran au-dessus d'eux. L'attention était sollicitée de toute part! Le sujet de la conférence intitulée "illustrateur d'ailleurs: l'envers du décors" était le rôle de l'illustration en fantasy et notamment la participation de John Howe à la trilogie du seigneur des anneaux où il a passé un an et demi en Nouvelle-Zélande. Différents points pertinents ont été abordés dans cette discussion dont je vais reprendre les principaux.

Au fil de la conférence qui se faisait sous forme de dialogue, c'est un artiste très cultivé qui est apparu avec un franc-parler rafraîchissant et une réjouissante tendance à l'ironie et à l'autodérision. Féru d'histoire, de musées et de merveilleux, il est aussi un homme très éclectique car outre le dessin et la peinture il souhaiterait s'adonner à la sculpture et à la réalisation d'animations et de documentaires. Il dispose par ailleurs de solides connaissances en matière de dessin numérique, mais l'absence de support matériel original ne lui plaît pas et le pousse à éviter ce moyen d'expression artistique.

L'illustrateur a avoué son respect évident pour Tolkien qu'il a découvert par le biais de ses calendriers au milieu des années 1970, mais ce ne fut qu'en 1987 qu'il a envoyé ses premières illustrations. Anglophone de naissance, il a par la suite appris le français au fil de ses voyages et à d'ailleurs publié une dizaine de livres d'illustration en français. Sa participation aux films de Peter Jackson a constitué une grande expérience pour lui car il a dû minuiteusement, avec Allan Lee, étudier tous les détails de décors concernant le seigneur des anneaux. Il a par exemple créé l'extérieur et l'intérieur de la maison de Bilbo d'après un croquis de Tolkien et l'a fait évoquer un sous-marin par sa forme.

L'important pour lui dans ce travail était de se représenter clairement tous les paysages. John Howe a d'ailleurs déclaré qu'il était très important de s'immerger dans le monde imaginaire créé par l'auteur avant de commerncer l'illustration. Comme Tolkien joue beaucoup sur les sentiments ressentis par les personnages et donne peu de descriptions physiques précises, le champ d'interprétation du dessinateur est ainsi très important. Cette liberté dans l'oeuvre de Tolkien lui a beaucoup plu dés le début car elle lui a permis de donner sa propre vision de l'oeuvre avec ses dessins si reconnaissables.

Mais l'oeuvre de John Howe est loin de se limiter à Tolkien car il illustre les couvertures de grands auteurs de fantasy comme Charles de Lint, Robin Hobb ou encore Guy Gavriel Kay. En contact étroit avec eux, il peut ainsi plus facilement se représenter les décors qu'ils ont en tête pour illustrer leurs livres.

Sur ce point il a regretté les nombreuses atteintes à l'intégrité de ses oeuvres qui étaient faites par ses éditeurs qui modifiaient souvent l'image de base où la réduisaient au profit du titre et du nom de l'auteur. Comme il le soulignait "dans les pays anglo-saxons plus l'auteur est connu plus son nom prend de la place sur la couverture". Mais à l'inverse, concernant l'approche anglosaxonne et continentale de l'illustration et du fantastique il s'avère que la France est très réductrice. Sur ce point André-François Ruaud a regretté en tant qu'éditeur de fantasy la faible importance accordée à l'illustration et aux dessins qui sont largement moins considérés que la peinture, notamment au niveau des musées.

La discussion a aussi brièvement abordé le problème des copies et de la contrefaçon de ses oeuvres. Pour pallier ces inconvénients John Howe dispose de quatre agents et d'informateurs qui lui signalent toute édition de ses dessins sur son site web très réactif. Ca n'a pas empêché la reprise illégale de certaines de ses illustrations en Europe de l'Est et même en France.

Enfin, John Howe s'est expliqué sur ses méthodes de travail qui varient selon les périodes. Il lui arrive aussi bien de dessiner sur le vif sur son inséparable croquis que de prendre des jours à réaliser un dessin commandé. Néanmoins, sa passion pour le moyen-âge lui a donné une grande connaissance visuelle médiévale qui le pousse à être très pointilleux dans la réalisation de ses oeuvres afin d'éviter les clichés qu'il déplore chez nombre d'illustrateurs fantastiques. Le succès de ses dessins et sa renommée l'empêchent cependant de ce consacrer pleinement à son souci des détails et à ses passions, notamment la reconstitution historique. En effet, son train de vie soutenu l'empêche de souffler avec un emploi du temps actuellement très chargé à cause d'un projet de livre sur le dessin qui va lui prendre toute une année.

Au terme de cet important échange entre deux sommités de la fantasy, John Howe s'est aimablement prêté aux nombreuses questions du public et n'a pas été avare d'anecdotes personnelles. Cette nouvelle discussion entretenue de part et d'autre l'a lancé sur de nombreux sujets, ce qui explique que la conférence n'a été terminée qu'à midi. Un exposition très fournie sur les oeuvres de John Howe pouvait être visitée à la sortie avec de nombreux croquis originaux, ses recueils d'illustration ainsi que les couvertures de livres qu'il a faites. A titre de complément, d'autres recueils d'illustration fantasy pouvaient être consultés et de nombreux posters accrochés au mur permettaient de se régaler les yeux.

L'esprit plein d'images et d'idées, il a alors fallu se replonger dans la vie réelle après ce plaisant intermède.


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