Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Ce qui rend la Fantasy importante !

Par Lisbei, le lundi 20 avril 2009 à 16:14:06

A vrai dire cela fait bien longtemps que nous n'avons pas eu de débat de fond sur pourquoi aimer la fantasy, sur ce qui nous attire dans ce courant. Afin de relancer ce débat, et vous donner ainsi l'occasion de venir vous exprimer, nous vous proposons en guise d'amuse-bouche, la traduction d'un article de blog dans lequel l'auteur revient sur l'un des points fondamentaux de la fantasy : sa capacité à former l'esprit !
A déguster avec plaisir !

En discuter en forum

L'article traduit

Lou Anders, directeur éditorial de Pyr Books, a été récemment interpelé par une citation de Tom Purdom :

Personne n’est jamais devenu magicien pour avoir lu de la fantasy. Alors que beaucoup de gens sont devenus physiciens ou biologistes pour avoir lu de la science-fiction.

Sur son blog, Anders admet être plus ou moins d’accord avec ceci, mais il pose également une question à ses lecteurs :

Maintenant, ce qui m’a amusé là-dedans c’est la promo pour la SF, et pas la petite pique (même si elle était très drôle) pour la Fantasy (que j’aime tout autant). Mais, comme j’ai déjà une idée assez claire des buts de la SF, et que j’aime aussi la Fantasy, je me suis récemment demandé quel était la portée de la Fantasy, en dehors de la valeur intellectuelle et de divertissement commune à toutes les littératures, qui en faisait un genre unique.

Etant donné que je suis un lecteur avide de fantasy, cela m’a donné à réfléchir. La brouille que j’ai connue avec la fantasy (en particulier avec sa variété épique) un peu plus tôt cette année m’a poussé à me pencher d’encore plus près sur cette question. Une partie de l’intérêt et de la séduction de la fantasy restait lettre morte pour moi, et pendant cette période je me suis longuement demandé pourquoi je ressentais cela. La question posée par Lou est très proche du cœur de ce problème.

A mon avis, ce que la fantasy apporte le plus au monde, en dehors d’une pure littérature d’évasion, est une propension incontournable à aider le lecteur à comprendre que le monde n’est jamais exactement tel qu’on le croit. En tant que lecteur, la fantasy m’a toujours aidé à redécouvrir le merveilleux de notre monde et a été la source d’un désir profond d’approcher le monde avec des yeux, un cœur et un esprit grand ouverts. La qualité première de la fantasy est sa diversité, et sa capacité à ouvrir les yeux de ses lecteurs sur l’infinité des possibilités existantes. Si quelque chose fait cruellement défaut à la culture contemporaine, c’est le sens de la découverte et de l’émerveillement, le sens de l’imagination et la volonté de trouver ce qui est bon et magique dans notre monde.

Quant j’étais jeune lecteur, je me consacrais entièrement à la Science Fiction, et je n’aurai jamais jeté un seul coup d’œil à la Fantasy. J’étais certain que c’était réservé aux doux rêveurs, ceux qui avaient peur d’appréhender le monde réel tel qu’il était et tel qu’il deviendrait inévitablement (hé, à cette époque, tous les gadgets utilisés par Tom Swift semblaient effrayants de réalisme). La Fantasy n’était rien d’autre que licornes, princesses et petites fées faisant la ronde dans des clairières. Non ?

Ce n’est pas avant l’âge de 11 ans que, je ne sais pas trop pourquoi, je décidai de lire Bilbo le Hobbit, et que j’ai commencé à réaliser pleinement ce qu’était le genre de la Fantasy et ce qu’il amenait avec lui. Jamais auparavant je n’avais été si complètement entraîné dans un autre royaume, jamais auparavant je n’avais vu tant et tant de possibilités ouvertes devant moi. Tolkien m’a pris sous son aile et a ouvert mes yeux à l’idée qu’il y avait plus ici que je ne l’avais jamais compris.

La Fantasy, pour moi, se préoccupe d’ouvrir les esprits, de bousculer les préjugés et d’instiller au lecteur une curiosité insatiable. Combien de lecteurs, enchantés par l’idée de patrouiller dans les forêts, sont devenus gardes forestiers ou écologistes ? Combien de lecteurs, attirés par le combat du bien contre le mal, sont devenus officiers de police ? Combien de lecteurs, happés par les différentes populations et cultures de la fantasy, sont devenus sociologues ou anthropologues ? Est-ce que ce sont là des métiers moins importants pour notre société que ceux de physicien ou de biologiste ?

Un autre thème récurrent de la Fantasy est celui d’un jeune homme (ou d’une jeune fille), vivant la plupart du temps dans la misère (garçon de cuisine ou de ferme, hobbit, etc.), qui persévère à travers des épreuves bien plus grandes que ses forces présumées et qui finit par triompher d’une puissance (physique ou spirituelle) contre laquelle nombre de personnes traditionnellement plus puissantes et mieux armées ont échoué. Renvoyer la fantasy à ses quartiers de littérature d’évasion, de littérature qui n’a d’autre valeur pour notre société que celle de divertissement, est irrespectueuse envers tous ceux qui, dans notre monde réel, ont persévéré dans de semblables situations.

La Fantasy nous enseigne à croire en nous-mêmes, à croire en notre monde et à croire que par-dessus tout le reste, si vous essayez assez fort, vous allez y arriver. Et si cette quête du succès, cette volonté de mener le bon combat ne sont pas aussi importantes pour notre monde que n’importe quel physicien, alors je vis dans le mauvais monde. Heureusement pour moi, il y en a des centaines d’autres qui m’attendent dans les pages de chaque livre.

Article originel par Aidan Moher
Traduction par Lisbeï


Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :