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Brian Ruckley et l’écriture des scènes de combat
Par Altan, le vendredi 24 avril 2009 à 17:11:58
Brian Ruckley (auteur de Winterbirth et Bloodheir) a souvent été loué pour son talent dans l'écriture des scènes de combat, qui parviennent à faire vivre les situations avec une teneur quasi-cinématographique. La question lui a été posé, son secret révélé.
The Godless World, troisième tome de sa série, sortira le 3 mai prochain aux États-Unis.
Question de rythme
- Vous êtes l’auteur de Fantasy qui écrit les meilleures scènes de combat (elles me font penser, visuellement parlant, à celles de Gladiator avec Russel Crowe.) Je voudrais que vous m’expliquiez comment vous procédez pour écrire ces scènes.
- De tels compliments risquent de me faire prendre la grosse tête mais merci quand même ! J’aime bien les éloges, cela me permet de chasser mon manque d’assurance et les nombreux doutes qui me traversent l’esprit ! En fait, j’essaie délibérément de parvenir à certains effets lorsque j’écris des scènes de combat, mais en général, je suis très mauvais quand il s’agit d’expliquer mon procédé d’écriture. Je vais toutefois tâcher de vous faire partager quelques observations, même si elles sont plutôt basiques.
Tout d’abord, mon intention est de donner un aspect visuel, voire cinématographique aux scènes violentes. Bien sûr, tous les lecteurs n’accrocheront pas, mais vous, vous appréciez apparemment, ce qui est bien. Lorsque j’écris ces scènes, je suis conscient du fait que je suis davantage influencé par des films que par des livres. Plusieurs conséquences en découlent. D’un combat à l’autre, je change de point de vue et de manière d’écrire (et ce, quelquefois au cours d’un même combat). Par exemple, un combat se limite parfois au point de vue d’un seul personnage, mais il peut également être montré à travers les yeux d’un aigle qui survole la scène. Je pense que ce changement apporte une dynamiquevisuelle
. C’est comme si l’on bougeait la caméra dans tous les sens. Une autre influence qui me vient du cinéma concerne les effets sonores : je ne sais pas comment ils sont perçus dans mes livres mais j’y attache une grande importance car le son est souvent un élément clé lorsque vous regardez un film sur grand écran, surtout lors des scènes de combat.
Deuxièmement, je fais en sorte d’insuffler vitesse et énergie aux scènes de combats. Je pense que cela coule de source, mais la clé d’une bonne bataille réside dans son mouvement. Cependant je m’efforce à ce que ce mouvement soitirrégulier
. Ce qui n’est pas une explication très claire. Ce que je veux dire, c’est que toute l’énergie est un peu chaotique, les mouvements manquent de coordination, et cela peut concerner un seul guerrier ou la charge de toute une armée. Il n’y a rien d’ordonné ou de soigné là-dedans. Je veux que le lecteur sache clairement ce qu’il se passe mais qu’il garde à l’esprit que les évènements restent imprévisibles, chaotiques et violents.
Troisièmement, j’ajouterai une petite remarque par rapport à mon deuxième point. Je ne m’étalerai pas sur le sujet car je suppose que la plupart des lecteurs (et tous les futurs auteurs) en sont conscients, mais l’écriture devient beaucoup plus dynamique quand on réduit la longueur de ses phrases et lorsque l’on utilise des mots plus courts et plus simples. Si je rédige une scène d’exposition ou un passage descriptif (ou si je réponds à une interview), je m’accorde des phrases plus longues et utilise des termes inhabituels car je suis en train de peindre un tableau pour le lecteur et c’est à lui de se faire son propre espace de réflexion afin de s’emparer de ce qu’il lit. Si, par contre, je décris au lecteur une scène de combat très dynamique, le texte s’enchaîne plus rapidement et plus simplement, car j’essaie de donner un aspect plus palpitant et captivant. Il ne faut pas que le lecteur arrête sa lecture pour réfléchir car cela casserait le rythme. Dans l’écriture, tout n’est qu’une question de rythme. La description peut être comparée à une valse alors que les combats, c’est du heavy metal ! Ou quelque chose comme ça !
Dans tous les cas, ce qu’il faut retenir, c’est que je suis différent quand je fais une scène d’action. J’écris différemment et je pense un peu différemment.
Article originel par Brian Ruckley
Traduction par Deedlit
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