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Les Royaumes carnivores

(Ce Cycle est Terminé)

Auteur/Autrice : Hata Yui
Les Royaumes carnivores

Les Royaumes carnivores - 1

Dans un monde dirigé par la tribu royale, la famille des Lions, les carnivores règnent d’une main de fer sur les autres espèces animales. Véritables tortionnaires sans pitié, ils ne considèrent les espèces végétariennes que comme leur nourriture évidente. Et si la tribu des gazelles de Thomson est épargnée, c’est pour une seule et unique raison : les lions n’aiment pas le goût de leur chair. Asservies au rang d’esclaves, les gazelles servent hélas trop souvent de défouloir à la colère de leurs maîtres. Un jour, face à tant cruauté et à la tyrannie, Buena, jeune gazelle de Thomson, décide de se lever ! Commence alors son voyage, sa quête… à la recherche de la dernière guépard blanche de son espèce, la seule à pouvoir l’aider dans sa lutte.

Les Royaumes carnivores

Les Royaumes carnivores - 2

Buena sait désormais où il doit se rendre, pour trouver de nouveaux alliés : au sein de la foret de Sctou où vivent les chimpanzés. Mais ces derniers, gardiens d’un secret qui ne doit être en aucun cas révélé, ne voient pas d’un bon oeil l’arrivée du jeune herbivore. Les singes, se sentant en danger, organisent déjà la résistance. Mais la famille des bonobos pourrait bien contracter des alliances fort peu avantageuses pour leurs congénères omnivores.

Les Royaumes carnivores

Les Royaumes carnivores - 3

Aidé par des traitres de Bonobos, Marsias le cruel a découvert le secret de la démone blanche ! Ravi par cette nouvelle, le lion souhaite mettre la main sur ce “trésor” pour s’en délecter. Jamais les enjeux n’auront été aussi important pour Buena et tous les peuples opprimés : coûte que coûte, il faut arrêter le félin, au risque que la révolte grandissante ne soit matée dans l’oeuf… S’entame alors une course poursuite haletante


Critique

Par Benedick, le 08/08/2017

Parmi les premières œuvres japonaises à être qualifiées de « mangas », il existe des parchemins datant du VIème siècle qui représentent des animaux caricaturant des comportements humains. Bien plus tard, en 1950, la bande dessinée Jungle Taitei de Osamu Tezuka participera à l’élaboration du manga moderne et marquera la jeunesse japonaise de l’après-guerre par sa fantaisie animalière riche en péripéties et son discours humaniste. L’objet de cette critique, le manga titré en français Les Royaumes Carnivores de Yiu Hata (Jasmin en version originale) porte en lui cette tradition du récit fantasy peuplé d’animaux anthropomorphiques qui expose, entre autres, les aberrations commises par des espèces animales conscientes.
Raconté avec un rythme maîtrisé et porté par des personnages dotés d’une forte présence, ce manga est d’une redoutable efficacité. Une histoire est particulièrement remarquable quand elle est capable de créer une cohérence entre son esthétique, son propos et sa mise en scène. Et quoi de mieux que des animaux anthropomorphiques pour exploiter une thématique basée sur l’acceptation ou le refus de la loi du plus fort.
L’auteur a artistiquement réussi sa représentation d’animaux humanisés. En effet, il n’est pas question ici d’humains avec quelques particularités bestiales, ni de simple animaux parlant. Les individus sont ici le fruit d’un réel mélange physique, mental et même social entre animalité et humanité. Ainsi, des comportements d’animaux de la savane, comme les tueries entre prédateurs, côtoient des “hiérarchisations” typiquement humaines comme l’esclavage. D’une manière générale, le travail graphique est saisissant. Les personnages ont des faciès purement animaux et sont tous rendus expressifs avec leur physionomie naturelle : les yeux chez les herbivores ou les postures chez les carnivores. La plupart des créatures sont à la fois bipèdes et quadrupèdes, et leur morphologie respecte habilement ce parti-pris de manière efficace et classieuse. Ainsi, par exemple, la lecture montrera un zèbre capable de ruades ou de coup de pied en posture debout digne des plus grands combattants humanoïdes imaginaire ou réel.
Car il y a beaucoup d’affrontement dans ce manga, ces derniers profitant des nombreuses capacités et tactiques animales. Ces combats, traités de manière spectaculaire, sont surtout là pour servir la tension du scénario. Ils ne sont jamais vains ou trop exubérants. Au contraire, ils ont tous une portée dramatique. Ces animaux sont terriblement attachants par l’authenticité de leur caractère qui correspond à leur vécu, leur mode de vie et les croyances qu’ils subissent. Il n’y a pas de caractérisations clichées qui donnent des qualités morales à telle ou telle espèce… Les voir souffrir, mourir ou survivre ne laisse pas indifférent. D’ailleurs, le dynamisme du récit doit beaucoup aux interactions entre personnages et l’auteur amène certaines révélations au bon moment. Les explications coulent de source et les animaux ne se comportent jamais pour faire avancer l’histoire. Ils agissent pour survivre dans leur monde selon la logique qui s’impose à eux.
Des défauts ? Bien sûr, ce manga comporte des éléments qui peuvent interférer avec l’avis positif de cette critique. Le principal problème pourrait être sa conclusion. L’histoire se finit comme si les trois volumes formaient un arc narratif d’introduction à un récit plus ambitieux. Un arc unique brillant et magistral mais qui laisse beaucoup trop de perspectives et laisse le lecteur se réconforter avec l’idée d’avoir une sorte de fin ouverte.
D’autres choses pourraient gêner ou déranger : le niveau de violence est assez élevé et la fantasy animalière n’atténue pas forcement les visions de démembrements, de lacérations et d’exactions sadiques. Corollaire de cette violence, il n’y a pas vraiment de respiration dans le déroulé de l’histoire. Cette frénésie donne du rythme et de la cohérence, mais elle peut repousser un lecteur ou une lectrice qui veut une narration plus variée et basée sur autre chose que des résolutions de conflit et une logique de survie physique.
Ces Royaumes carnivores représentent une fantasy animalière puissante où les lois de la nature ne sont ni simples, ni stupides. Pas de temps mort, car ralentir c’est être enfermé par la perversion et la brutalité. Un manga qui offre une histoire vivante en trois volumes grâce à son esthétique, sa mise en scène et sa pureté primitive.

8.0/10

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