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Kaiju n°8

Titre VO: Kaijû 8-gô (Ce Cycle est En Cours)

Dessin : Chollet Sylvain
Auteur/Autrice : Matsumoto Naoya
Kaiju n°8

Kaiju n°8 - 1

Les kaiju sont d’effroyables monstres géants qui surgissent de nulle part pour attaquer la population. Au Japon, ces apparitions font désormais partie du quotidien.
Enfant, Kafka Hibino rêvait d’intégrer les Forces de Défense pour combattre ces terribles ennemis, mais après de nombreux échecs à l’examen d’entrée, ce trentenaire travaille à nettoyer les rues de leurs encombrants cadavres. Jusqu’au jour où une mystérieuse créature s’introduit dans son organisme et le métamorphose en une entitée surpuissante mi- humaine, mi-kaiju. Son nouveau nom de code : “Kaiju n° 8” !


Critique

Par Benedick, le 24/10/2021

Un Kaijû (« bête étrange » en Japonais) surplombe le bestiaire fantasmagorique par le simple fait qu’il peut provoquer à lui seul un effondrement de l’humanité. Rien que sa résilience et sa stature surnaturelle écrasent les plus grands accomplissements ou pouvoirs humains : mégalopoles, gouvernements et armées. Les fictions représentant des Kaijû peuvent avoir un traitement scientifique, généralement pour justifier un dénouement favorable à l’humanité proche du Deus Ex Machina, ou pour favoriser une suspension d’esprit critique chez certains publics. Cependant, dans l’archipel japonais, la genèse de ces entités est souvent de l’ordre de l’invocation métaphysique, voir mystique, outrepassant n’importe quelle extrapolation scientifique. Ces bêtes titanesques apparaissent dans les différentes scènes de l’imaginaire Japonais sans réelles contraintes. Kaijû n°8, en mixant mythe populaire et divertissement déchaîné, pourrait bien être capable de s’imposer dans un écosystème peuplé d’écoles de magie, de groupuscules de tueurs de démons ou de survivalistes de l’étrange.
Naoya Matsumoto maîtrise ses références, des plus patrimoniales aux plus contemporaines, mais il n’est pas dans la citation ou la révérence. S’il exploite un lieu commun, c’est plutôt dans la mise en scène d’une organisation « militaro-mystérieuse » induite par la présence des Kaijû. Avec sa hiérarchie, son échelle d’évaluation, ses tranches d’âge, ses prodiges, etc. Cependant, le mangaka développe plus ce qui fait la singularité de son manga : son protagoniste. Kafka (oui, comme l’auteur de « la métamorphose ») est un sympathique et roublard prolétaire de 32 ans qui se retrouve doté de la capacité de se transformer à volonté en Kaijû humanoïde. Sans trop s’appesantir sur ces déboires, tout en prenant le temps de nous le rendre familier, le manga arrive à nous faire adhérer à ce héros plutôt galvanisant lorsqu’il tente de résoudre ses problèmes.
D’ailleurs, la cadence visuelle bien maîtrisée entre péripéties et phases plus calmes maximise l’efficacité du récit. L’enchaînement des cases est percutant, voir abrupt quand surgit le danger, et les conséquences sont explosives. Le tout en restant incroyablement lisible et accessible pour un public habitué aux standards actuels. Peut-être un peu trop sage, trop calibré, mais suffisamment puissant dans la force d’évocation pour être éviter la fadeur. Les Kaijû montrés dans le premier tome oscillent entre la pure menace physique grotesque et l’étrange humanité magique. On espère quand même que les prochains chapitres nous réservent des surprises en termes d’anormalité et, surtout, de gigantisme. Pour ce qui est des transformations de Kafka, elle jongle entre le trivial (décapsuler une bière) et la démonstration de puissance démesurée (déchiqueter à coups de poings une atrocité 10 fois plus grosse).
Le ton de la série est donné : drôle sans être parodique, percutant sans se reposer sur la surenchère et le gore à peu de frais. Au-delà d’être un divertissement efficace, Kaiju n°8 peut-il décevoir certaines attentes ? Disons que ce premier tome ne semble pas montrer une image ambiguë de l’humanité ou même de réelles abominations apocalyptiques. Cependant, avec une société alternative exploitant les apparitions de Kaijû et un héros hors des canons de l’élite juvénile, il n’est pas impossible de voir quelques oppositions en parallèle du monstre du moment. Néanmoins, quelques soient nos espoirs sur le long terme, ce premier volume affiche beaucoup de potentiel pour une exploitation jubilatoire et inventive du panthéon des Kaijû.

7.0/10

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