Le Sabre de Neige

Tome 1 du cycle : Les Sabres sacrés
ISBN : 978-222649780-2
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Salomé Han (Proposer une Biographie)

Une grande aventure, située dans un Japon qui jamais ne fut, pleine de magie, de créatures fabuleuses, de trahisons et de duels épiques.

On les appelle les Porteurs de Sabres Sacrés et on raconte qu’ils servent la volonté des Kami. Ils ne sont pas immortels, mais vieillissent différemment de nous, s’éloignant peu à peu de l’humanité. Maître Shiro, le Héron Blanc, est l’un d’eux. Il porte le Sabre de Neige, qui se nourrit du sang de ses victimes et procure cette extraordinaire longévité convoitée par l’Empereur en personne.
Isao, dix-neuf ans, est son unique disciple. Ils vivent ensemble au cœur d’une forêt sacrée, se dévouant corps et âme à la Voie du Sabre. Quand Isao apprend que la tête du Héron Blanc est mise à prix et que leur ermitage secret est découvert, tous deux se voient obligés de fuir.Confronté à un monde extérieur auquel les idéaux de la Voie du Sabre peinent à s’appliquer, Isao est déterminé à dépasser ses propres limites et à gagner le respect de maître Shiro, qu’il aime éperdument.
Mais le jeune disciple ignore tout des dangers et des créatures qui se dresseront sur son chemin. À commencer par ses semblables : les hommes.

Critique

Par Erkekjetter, le 24/02/2025

Le Sabre de Neige est le premier volume d’une trilogie, mais aussi le premier roman de son autrice, Salomé Han. À noter toutefois que la lecture de celui-ci se suffit à elle-même : un arc narratif est bel et bien conclu, même s’il prend place dans une fresque plus vaste.
L’histoire se déroule dans un Japon fictif et se centre sur Isao, un orphelin devenu le disciple du Héron Blanc, un porteur de sabre sacré. À ce stade, les amateurs de mangas peuvent déjà deviner ce qui les attend. Pour les autres, sachez que nous avons ici les éléments classiques du nekketsu, qu’on appelle parfois par abus de langage shonen. En gros : le parcours initiatique d’un héros orphelin qui va poursuivre son rêve jusqu’au bout et qui surmontera toutes les épreuves grâce à sa volonté implacable. Sans surprise, donc, Salomé Han nous propose un récit qui suit exactement ce programme, et pour le coup, elle utilise pratiquement tous les poncifs du genre. Isao est un jeune homme très naïf et très dépendant de son maître, qui va grosso modo être passé au shaker jusqu’à quitter le statut de disciple prometteur pour épouser celui de héros. Et tant pis s’il faut secouer très fort pour y parvenir. 
Pour ma part, je n’ai pas réussi à trouver Isao attachant, mais plutôt agaçant, entre son innocence extrême, son impulsivité parfois enfantine, son idolâtrie de maître Shiro… Il lui faudra de (très) nombreuses confrontations avec la dureté du monde pour que sa naïveté recule d’un demi-pas, et soudain, un événement va enclencher la transformation, alors que le pauvre disciple s’est déjà fait rouler dessus par plusieurs bulldozers. Car la souffrance est ici la grande maîtresse : sans elle, pas d’élévation, et bien sûr, plus on souffre, plus on s’élève. Mais évidemment, cela ne s’applique qu’aux âmes « pures », aux gentils. Un schéma avec lequel j’ai personnellement beaucoup de mal, et d’autant plus dans ce cadre, avec un héros très vulnérable sur lequel il est facile d’avoir de l’emprise.
De même, la relation entre Isao et son maître, qui s’inscrit dans un rapport de domination et de « température variable », si je peux dire, mériterait d’être interrogée, ce qui n’est jamais le cas. Elle illustre en tout cas très bien tout ce qu’il faut éviter… Plus généralement, dans le texte, la représentation de l’abus et de ses conséquences me semble problématique. 
Comme le laisse présager le titre, le récit tourne aussi beaucoup autour des combats, ce qui peut se révéler lassant au bout d’un moment : Isao combat, puis lèche ses plaies, puis combat à nouveau, relèche ses plaies, etc. Les péripéties sont nombreuses et donnent certes du rythme, mais on suit le même cycle en boucle. De plus, certains passages, notamment vers la fin, traînent en longueur sans que cela apporte grand-chose au récit. C’est d’ailleurs une remarque qui me semble valable pour le roman lui-même : il aurait gagné à être plus court. 
Du côté de l’univers, nul doute que Salomé Han est une férue de culture japonaise. Elle plante le décor avec soin, et si le nom du Japon n’est jamais mentionné, on en retrouve bel et bien le goût. Un glossaire a d’ailleurs été inséré en fin d’ouvrage pour tous les termes japonais utilisés. L’écriture en elle-même ne se distingue pas particulièrement, ni en bien ni en mal. 
Concernant la part de romance, pour ceux qui se poseraient la question, oui, l’amour prend une place non négligeable dans l’histoire – c’est tout de même le moteur principal d’Isao. Pour autant, il ne me semble pas pertinent de classer le roman en romantasy. 
En somme, Salomé Han sait indéniablement raconter une histoire (elle est scénariste de formation, ce n’est donc pas vraiment surprenant). Malgré tout, le roman souffre d’un certain nombre de défauts, notamment un déroulé très académique et assez répétitif. Il est également regrettable qu’il mette en scène des fonctionnements toxiques sans qu’ils soient jamais remis en cause. 

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