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Le Palais des Automae
Titre VO: Crier's War
ISBN : 978-237876077-9
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Nina Varela (Proposer une Biographie)
Critique
Par Luigi Brosse, le 09/07/2023
Disclaimer : Roman lu en version originale.
Soyons honnête, j’avais de sérieux doutes sur ma capacité à apprécier de la romance (qui n’est vraiment pas un genre qui m’attire, ni dont je connais ou maitrise les codes). L’avantage de la version anglaise sur la française, c’est que le résumé met plus l’accent sur l’intrigue fantasy que sur l’amour impossible entre nos deux héroïnes et c’est ce qui m’a décidé à sauter le pas. Et je n’ai pas été déçu.
Commençons donc par parler du décor dans laquelle l’intrigue se déroule. Les humains ont inventé des formes de vie artificielles, appelées Automae, pour être leurs serviteurs. Ces derniers se sont rebellés et ont gagné la guerre contre leurs créateurs, devenant la nouvelle classe dirigeante. Et nous voici deux générations plus tard alors que diverses révoltes éclatent. Le tout est introduit par une courte frise historique dès la préface, procédé utilisé à bon escient par Nina Varella, qui a le mérite de nous plonger au cœur de l’action. C’est bien joué ! En combinant de nombreux tropes et en apportant une touche d’originalité (les automates ont gagné, l’ambiance résolument moyenâgeuse, le côté « magique » plus que scientifique du fonctionnement des automates…), l’imagination du lecteur a suffisamment d’éléments pour bâtir efficacement un monde crédible.
Le choix d’avoir rendu les automae plus qu’humain, voire surhumain, est également particulièrement appréciable de par les pistes de réflexion explorées tout du long. Que se passe-t-il quand une population est plus puissante, plus rapide, plus résistante qu’une autre ? Jusqu’à quel point cela peut-il justifier la domination de l’une sur l’autre ? Belle métaphore filée pour utiliser un univers de fantasy pour réfléchir au sexisme, racisme ou spécisme. Ce n’est pas le premier roman à le faire, mais ici c’est bien exécuté car Varella nous met devant le fait accompli, plutôt que de nous jeter directement les questions à la figure.
De même, les automae bien que « descendants » des humains, dont ils ont hérité la forme corporelle, ainsi que certains traits psychiques, ont répudié l’humanité de manière nette. Ils n’ont plus certains besoins de par leur conception (manger, boire, respirer) ou de par leurs valeurs (le rejet des liens sociaux affectifs comme l’amitié ou l’amour). Cela questionne sur ce que veut dire être ou devenir humain, un grand classique de la SF qu’on retrouve ici en fantasy. Cela semble banal mais n’est pas si fréquent dans notre genre de prédilection.
Passons à présent à nos deux héroïnes : l’une, Crier est l’héritière d’un principal royaume automae ; l’autre, Ayla, est une humaine dont la famille a été décimée et qui ne vit que pour sa vengeance. Leurs chemins vont se croiser, ce qui donnera lieu à pas mal d’étincelles et de péripéties. Bien que classique, le duo fonctionne parfaitement par sa nature opposée et complémentaire. On a plaisir à suivre leurs interactions, leur évolution qui les verra devenir moins monolithiques, et pour finir leur histoire d’amour bien sûr.
A ce sujet, on notera d’ailleurs qu’il s’agit d’un amour interdit, non pas parce qu’il advient entre deux femmes, mais parce qu’il implique deux races différentes. La nature homosexuelle de la relation est totalement banale et n’est à aucun moment un obstacle ou un tabou en plus. Cette légitimation est des plus bienvenues à notre époque.
Puisqu’on a commencé à parler de la relation amoureuse entre nos héroïnes, l’aspect romance est sans doute celui qui m’intéresse le moins, mais je dois reconnaître qu’il est bien géré en n’étant ni anecdotique, ni trop copieux. En bonus, le plus souvent les rapprochements successifs d’Ayla et de Crier servent de rebondissements qui font progresser l’intrigue, la tension passionnelle étant canalisée pour donner au roman encore plus de dynamisme.
Bonus bis, Nina Varella s’est aussi efforcée de rendre ces passages plus poétiques que le reste de sa prose, qui tend généralement plus à l’efficacité. Cela pourrait être un effet de manche, mais dans l’ensemble cela crée une atmosphère particulière, qui est en phase et souligne les événements, sans briser le flot de la narration. Encore une fois, c’est utilisé à bon escient.
Si on devait néanmoins chercher un point négatif, il se trouverait sans doute dans la gestion du climax de ce premier tome. Le tempo est maîtrisé et va en s’accélérant tout du long de ce volume. Il aurait été logique d’assister à un vrai feu d’artifice pour clôturer ce volume. Ce n’est pas complètement le cas, l’auteure opérant à moindre échelle. Néanmoins, le cliffhanger final donne carrément envie de se plonger dans la dernière partie de cette histoire.
En conclusion, Le Palais des automae est un roman solide, bien conçu et bien exécuté. Le dosage est bon entre fantasy et romance, entre rebondissements et moments plus intimes. D’un abord plutôt classique, il y néanmoins plein de petites choses originales que ce soit dans son cadre ou dans les réflexions que ce premier tome aborde, le tout servi par un duo d’héroïnes passionnant. Que demander de plus ?
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