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Le Carnaval aux corbeaux
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Anthelme Hauchecorne (Proposer une Biographie)
Ludwig grandit à Rabenheim, un petit bourg en apparence banal.
Claquemuré dans sa chambre, il s’adonne au spiritisme. À l’aide d’une radio cabossée, il lance des appels vers l’au-delà, en vue de contacter son père disparu.
Jusqu’à présent, nul ne lui a répondu…
Avant ce curieux jour d’octobre.
Hasard ? Coïncidence ? La veille de la Toussaint, une inquiétante fête foraine s’installe en ville. Ses propriétaires, Alberich, le nabot bavard, et Fritz Frost, le géant gelé, en savent long au sujet du garçon. Des épreuves attendent Ludwig. Elles seront le prix à payer pour découvrir l’héritage de son père.
À la lisière du monde des esprits, l’adolescent hésite…
Saura-t-il percer les mystères de l’Abracadabrantesque Carnaval ?
Critique
Par Belgarion, le 10/03/2016
Après un recueil de nouvelles Punk’s not dead remarqué, Anthelme Hauchecorne remet le couvert avec un nouvel ouvrage, Le carnaval aux corbeaux, et signe un coup de maître en matière de dark fantasy. Mais ce qui marque une fois l’objet en main n’est pas tant la qualité du contenu que la beauté du contenant. En effet, les éditions du Chat Noir ont réalisé un superbe ouvrage cartonné, où les pages sont jaunies par le temps, thématique au centre du récit. De même, les chapitres se trouvent ornés de culs-de-lampe horrifiques et les nombreux dessins de Loïc Canavaggia et Mathieu Coudray donnent corps aux cauchemars issus de l’esprit endiablé de l’auteur.
Par son style d’écriture très riche mêlant poésie baudelairienne et mythologie germanique, avec des dialogues vifs et un humour à froid, ce dernier parvient à instaurer une atmosphère inquiétante autour du petit village alsacien de Rabenheim et de l’abracadabrantesque carnaval. Cette ambiance pesante, prégnante et parfois poignante qui s’installe par touche au fil des pages inspire par moment un mélange de mélancolie et d’amertume qui n’est pas sans rappeler la lecture de certains poèmes de Heinrich Heine, notamment die Lorelei.
Au fur et à mesure que la nature véritable du carnaval apparaît, l’intrigue prend lentement forme à travers les yeux des habitants de Rabenheim qui paient un lourd tribut pour ces morceaux de vérité. Le ton devient rapidement très sombre et dément l’orientation initialement adolescente du roman. Le lecteur est alors habilement guidé tout au long de l’histoire à travers plusieurs intrigues convergentes qui ne lui laissent que peu de temps mort une fois les premières pages d’exposition passées, jusqu’à un final qui s’achève sur les chapeaux de roue. Le temps de la Mort approche.
On ne peut parler des éléments marquants de ce roman sans citer avec insistance les personnages hauts en couleurs qui traversent ces pages, pour certains de manière aussi éphémère que définitive. Si Ludwig, jeune adolescent révolté à la recherche des causes de la disparition de son père, ne parvient pas à emporter la sympathie voire l’empathie du lecteur, ce dernier ne peut toutefois manquer de s’intéresser à son sort et à réagir aux nombreuses révélations qui bouleversent son quotidien. Son ami Gabriel, plus complexe qu’il n’y paraît, la psychotique gothique Suzon Dupont, ainsi que les inquiétants membres de l’abracadabrantesque carnaval, l’inénarrable Alberich en premier lieu, marquent beaucoup plus durablement les esprits. Cette galerie de personnages horrifiques et déjantés se trouve magnifiée par les nombreuses illustrations des deux dessinateurs qui parsèment l’ouvrage, renforçant cette ambiance de Totenwoche et donnant vie à des individus déjà si terriblement … concrets.
Affirmer que le livre est exempt de défauts serait un tantinet exagéré. Il peut être ainsi relevé des métaphores moins inspirées, des ellipses temporelles parfois abruptes qui mettent le lecteur devant le fait accompli, une surenchère d’effets spéciaux un peu confuse sur la fin, ou encore la capacité surnaturelle de certains à survivre envers et contre tout.
Mais ces éléments restent à la marge et ne remettent pas en cause la grande qualité de ce livre, qui s’annonce d’ores et déjà comme une des sorties marquantes de l’année 2016 pour moi et une très bonne surprise, en attendant la sortie du second et dernier tome de ce diptyque Le Nibelung.
8.0/10
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