Depuis la publication des statistiques de vote, le comité du prix Hugo est soupçonné d'avoir écarté des œuvres éligibles pour ne pas fâcher le pays organisateur de la Worldcon 2023, la Chine.
Journalistes et écrivains de SF, Jason Sanford et Chris M. Barkley ont mis en ligne une enquête, se basant entre autres sur des e-mails internes, qui semble prouver que les administrateurs occidentaux du prix ont bel et bien pratiqué l'auto-censure. L'administrateur responsable, Dave McCarty, a notamment écrit à ses collègues : En plus de l'examen technique habituel, puisque nous avons lieu en Chine et que les *lois* sous lesquelles nous opérons sont différentes... nous devons mettre en évidence tout ce qui est d'une nature politique sensible dans l’œuvre. Il n'est pas nécessaire de tout lire, mais si l’œuvre est centrée sur la Chine, Taiwan, le Tibet ou d'autres thématiques qui pourraient être problématiques en Chine... cela doit être mis en évidence pour que nous puissions décider s'il est prudent de l'inclure dans la sélection (ou) si la loi nous oblige à prendre une décision administrative à ce sujet. Les noms de R.F. Kuang, Xiran Jay Zhao et Paul Weimer, dont les textes ont été déclarés inéligibles, figurent bien dans ces échanges. En revanche, aucun élément ne vient expliquer l'exclusion d'un épisode de la série The Sandman de Neil Gaiman.
Kat Jones, membre de l'administration incluse dans les échanges de messages, a admis qu'elle avait bien effectué des recherches en amont, mais a précisé qu'elle n'avait pas été impliquée dans l'évaluation finale. Elle a souligné qu'elle et ses pairs avaient tous exprimé leur incompréhension face à des consignes peu claires et qu'ils ne savaient absolument pas si les potentiels problèmes repérés en étaient réellement. Diane Lacey, une autre membre de l'équipe des Hugo qui a révélé le contenu des e-mails, s'est dite honteuse, tout en expliquant qu'elle tenait à ce que le prix ait lieu plutôt qu'il sombre complètement.
Plusieurs membres de l'association, dont Dave McCarty, ont démissionné à la suite de ces révélations. Présidente de l'édition 2024 de la Worldcon, qui se tiendra à Glasgow, Esther MacCallum-Stewart a dit partager la déception de la communauté et a assuré que le comité prendrait des mesures pour assurer une meilleure transparence et restaurer la confiance en l'administration du prix.

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