Vous êtes ici : Page d'accueil > Fantasy > Romans Fantasy > Pärm
Pärm
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Arroum, Rawia
Samden a reçu de Mère Nature une couronne de lauriers et le devoir de gouverner Sajar, l’un des royaumes de Pärm où règnent en harmonie le vivant végétal et la science en médecine. C’est sur cette terre des Savoirs qu’il multiplie les découvertes.
Sur l’autre rive de la Mer Mère, le roi Gabril gouverne Saad, un territoire à son image, royal et somptueux. Mais le monarque s’ennuie et rêve secrètement de terres à conquérir et de guerres à mener.
Bientôt, dans chaque royaume, une tragédie frappe. Lors de la cérémonie de la récolte des Bourgeons, les fleurs géantes de Sajar s’ouvrent et révèlent la mort des nouveau-nés. De même, lors de la cérémonie d’ouverture d’Écrins à Saad, les coffrets renferment de jeunes cadavres. Gabril de Saad voit là une occasion de partir en guerre contre le royaume à l’abandon de Sewda, alors que Samden de Sajar se lance dans l’inconnu en traversant la Mer Mère. Il doit trouver, à ses risques et périls, comment éradiquer le nouveau mal. Car on raconte que l’ingrédient qui manque à son remède se trouve par-delà la Rumeur…
Critique
Par Erkekjetter, le 22/03/2025
Si vous voulez vous épargner une chronique douloureuse, faisons vite : je vous déconseille de lire Pärm. Vous avez forcément mieux sous la main.
Si vous voulez savoir pourquoi, dans le détail, je vous préviens, ça va être un peu long…
Commençons par les personnages principaux. Samden, le héros, se révèle très vite fade et agaçant. C’est une espèce de caricature d’intellectuel sérieux et un peu coincé. Qui couche avec son apprentie, parce que ça l’aide à dormir. En gros. Et qui se prend de temps en temps une rouste de son père, mais tout va bien : ça veut dire que le vieil homme est en forme. Ce n’est jamais interrogé, jamais pris pour ce que c’est : de la violence gratuite. Plus globalement, Samden va être balloté par les envies ou les manipulations des autres, du début à la fin. Les rares moments où il devient actif, c’est en général parce qu’il est guidé par une autre volonté, et non parce qu’il le décide.
L’alter ego de Samden, objet de ses désirs, se présente comme son inverse : Gabril est « dépravé », alcoolique, très sûr de lui, très narcissique, très heureux d’être en position de domination. Il se comporte essentiellement comme un imbécile prétentieux (et je reste polie), imbu de lui-même, mais Samden estime que ça vaut le coup de l’aimer, parce qu’au fond il aurait un cœur en or. On parle pourtant d’un roi prêt à sacrifier son peuple sans le moindre état d’âme, qui se moque des démunis et les instrumentalise. Ce n’est d’ailleurs qu’un début, car Gabril va partir en vrille (de façon assez caricaturale), pour devenir une sorte de dictateur militaire. Mais bien sûr, il a une excuse en or : il a perdu ses parents jeune. Apparemment, cela justifie tout.
Il n’y a pratiquement rien à sauver non plus du côté des personnages secondaires. Plusieurs femmes vont avoir droit au qualificatif d’hystérique, même en cas de colère justifiée. La mise en scène fait d’elles des « folles ». Quand un homme adopte un comportement similaire, le traitement est tout autre : il sera enragé, à la rigueur, mais jamais on ne fera appel à la pathologie psychique.
Côté univers, d’entrée de jeu, la présentation est maladroite. Après une scène pour nous expliquer comment naissent les enfants dans ce monde, on enchaîne sur une espèce de promenade façon guide de voyage qui énonce les lieux à voir et vous fera croiser les personnages importants. La narration dans son ensemble est assez brouillonne, parfois confuse, c’est à se demander si le travail éditorial a été effectué sur ce texte. L’écriture elle-même n’est pas spécialement inspirée. L’autrice aime sortir des formules ou bien vaguement philosophiques ou bien teintées d’humour. Malheureusement, dans un cas comme dans l’autre, ça ne fonctionne pas. Ou l’effet ne prend pas, ou la « profondeur » flirte avec celles des formules toutes faites de livres de développement personnel. « Les cœurs étaient de curieux philosophes », par exemple.
L’intrigue avance le plus souvent à grands coups de facilités narratives, d’événements qui arrangent bien l’histoire, mais qui laissent une impression de patchwork mal cousu. L’aspect sentimental devient ridicule tant il ressasse de clichés. Samden semble avoir la maturité émotionnelle d’un adolescent en proie à ses premiers émois. Si le désir pointe son nez, son cerveau s’éteint. Complètement. De plus, l’histoire d’amour principale devrait allumer des voyants rouges à tous les niveaux, mais elle est présentée comme une « belle » histoire, pleine de passion, juste un peu torturée. Vraiment, je ne souhaite à personne de vivre une telle relation.
Dans les thématiques abordées, l’aspect écologique se limite grosso modo à « faire mal à la nature, c’est mal ». Je vous épargne le discours qui transparaît en filigrane concernant la consommation de la viande, qui garantirait un corps fort, au contraire d’une alimentation végétarienne (ce qui est au demeurant faux). Du reste, apparemment, la richesse (et l’utilisation de la monnaie) est assez bien identifiée comme un facteur d’inégalités, mais aucun problème avec les organisations pyramidales qui placent un roi au-dessus de tout le monde – et sans l’ombre d’un gouvernement pour au moins faire semblant de tempérer tout ça. C’est même présenté comme souhaitable et dans l’ordre des choses, puisque Mère Nature désigne des souverains pour chaque terre. On aura même droit à cette magnifique affirmation (dans le corps du texte, même pas dans la bouche d’un personnage problématique) : « certains étaient nés pour servir »… Et c’est lâché comme ça, sans prise de distance.
Pour finir, la première partie est un véritable festival de coquilles, de tournures bancales et/ou maladroite, de mots mal employés : un personnage qui « déteint » au lieu de « détonner », « que tu l’erratiques » au lieu de « que tu l’éradiques », et j’en passe. La seconde partie est un peu moins problématique, mais il reste ces erreurs de mots : « pustules » pour « pistils », par exemple. Certaines phrases en deviennent incompréhensibles (« on pouvait se pâmer de comprendre la faim seulement si elle nous dévorait un jour » ?). En bonus, le découpage en chapitres n’a pas toujours beaucoup de sens, il semble seulement respecter une contrainte de longueur à peu près constante. Certaines scènes sont ainsi coupées pour reprendre exactement où elles en étaient au chapitre suivant, sans raison narrative.
Bref, rien ne va ou presque dans ce récit. L’autrice semble n’avoir aucune conscience de ce qu’elle valide à travers cette histoire, en particulier concernant les relations amoureuses et le traitement des personnages féminins, mais pas que. L’emballage narratif ne rattrape rien, pas plus que l’écriture.
Seuls ses innombrables défauts peuvent rendre ce texte mémorable.
Discuter de Pärm sur le forum.
Dernières critiques
- Roman de Ronce et d'Épine † critique roman
- The Sword of Kaigen † critique roman
- Les Amants du Ragnarök † critique roman
- Le Bouffon de la couronne † critique roman
- Blood of Hercules † critique roman
- Sleeping Worlds Have No Memory † critique v.o.
- Le Chant des noms † critique roman
- La Bedondaine des tanukis † critique roman
Derniers articles
- La Roue du Temps saison 3 : le bilan !
- Sélection 2024 de la rédaction d'Elbakin.net !
- Les Anneaux de Pouvoir, le bilan de la saison 2
- Les lauréats du prix Elbakin.net 2024
- Prix Elbakin.net 2024 du meilleur roman de fantasy : la sélection !
Dernières interviews
- Bilan 2024, l'année fantasy des maisons d'édition
- Fabien Cerutti nous parle du Bâtard de Kosigan
- Une année 2024 en librairie... et fantasy
- Prix Elbakin.net 2024 : Entretien avec Davide Morosinotto
- Prix Elbakin.net 2024 : Entretien avec Siècle Vaëlban