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L'Ile de Peter

ISBN : 978-236183357-2
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Nikolavitch, Alex

« Tout bien considéré, vous avez eu de la chance dans votre malheur. Vous avez échoué sur cette île-ci, et pas sur celle où les enfants se transforment en ânes, ni celle où les marins deviennent des cochons. Y avez-vous pensé à ça, capitaine ? »
Qui est ce vieux marin qui traîne sa dégaine dans les rues de l’East Village à la recherche d’herbes médicinales très particulières et pourquoi Joab, le caïd du quartier, cherche-t-il sa piste dans des vapeurs narcotiques ?
Ce sont ces questions auxquelles devra répondre Wednesday, policière à New York, alors qu’elle se retrouve exilée sur une île tropicale étrange et pourtant familière…

Critique

Par Erkekjetter, le 17/12/2017

Avec ce petit roman de 220 pages, Alex Nikolavitch se réapproprie l’histoire de Peter Pan et ses personnages, qu’il pare ici de nouvelles nuances, plus sombres que celles du récit original. Nous voilà entraînés à la suite d’un curieux marin fraîchement débarqué à New-York et quelque peu déboussolé par les changements survenus depuis sa dernière visite. Qu’importe, il n’est pas venu pour quelque considération architecturale, mais plutôt pour s’approvisionner en herbes diverses qu’il sait pouvoir trouver auprès d’herboristes traditionnelles, des mamas haïtiennes aux vastes connaissances et aux pouvoirs bien réels. Ses recherches ne se passent pas comme escompté, et notre marin, pourtant discret, attire bien malgré lui l’attention de la police locale. Poursuivi, notre bonhomme parvient tout de même à s’en sortir et disparaît, tout simplement. Sauf qu’il entraîne avec lui, involontairement, la policière Wednesday et le caïd du quartier, King Joab. Et c’est là, bien sûr, que l’histoire commence réellement.
Nikolavitch fait voyager ses personnages, et nous avec, vers une île fort singulière. Un alligator qui fait tic-tac, de drôles d’Indiens, une compagnie de pirates tout droit sortie du XVIIIe siècle, cette espèce de grosse luciole dans les feuillages, étonnamment solitaire… si la référence finit par s’imposer d’elle-même, c’est une drôle d’expérience pour une flic habituée au quotidien du monde contemporain. Mais s’attendait-on, sur l’île, à ce genre de visite ?
A partir de cette trame, l’auteur tisse une toute autre histoire que celle que nous connaissons sur les différents personnages de James M. Barrie. Il mêle à son récit des légendes de l’âge d’or de la piraterie (Barbe Noire, Jack Rackham, Mary Read, etc.), des éléments issus du vaudou haïtien et de divers mythes. Et nous relate les péripéties du capitaine Crochet et de son équipage quelques 300 ans plus tôt, ou comment ils se sont retrouvés sur cette île et comment ils ont rencontré ce fameux Peter Pan. Nikolavitch permet à Mouche, Crochet et Peter de raconter chacun leur histoire et le cheminement qui les a menés ici, mais aussi d’exposer leur obscurité, leurs failles, leurs espoirs déçus. C’est un conte sombre que propose ici l’auteur : il donne à Peter une dimension tragique et douloureuse, une noirceur presque meurtrière, à Crochet une dignité toute personnelle, teintée d’amertume, et une nostalgie qui confine au désespoir. Il nous dévoile les artifices utilisés par Mouche pour ne pas sombrer, car s’il est sympathique et touchant, il cache néanmoins des secrets moins avouables. L’île de Peter, c’est aussi le récit d’un équilibre illusoire, mais rassurant, qui se voit soudain perturbé, voire menacé. Comme une minutieuse construction faite à partir de petits éléments et sur laquelle se lève la tempête : quelles parties vont résister ? Quels morceaux sont voués à s’effondrer ? Et surtout, que restera-t-il de tout ceci après l’orage ?
A ce conte un peu triste, l’auteur adjoint des réflexions sur les figures archétypales, le rôle que l’on se choisit, celui qui s’impose, celui dans lequel on se dissout. Sur ce qu’on imagine et sur ce qui advient réellement, les attentes et les déceptions, la rêverie et la réalité, les mensonges et les vérités. Car, parfois, recevoir sur la gueule les débris de ses songes dissipe les nuages et permet de reprendre le large pour naviguer à nouveau, sur des mers plus ignorées.

7.5/10

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