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Jasper Fforde Tueur de Dragons

Par Alice, le mercredi 18 mars 2015 à 18:23:35

jasperSurtout connu pour ses parodies littéraires mettant en scène la détective Thursday Next et la série humoristique "Nursery Crime Division", l'auteur britannique Jasper Fforde plonge dans la Littérature Jeunesse avec Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons (The Last Dragonslayer en anglais), premier tome d'une trilogie à propos de Jennifer Strange, adolescente orpheline de 15 ans qui se retrouve en charge d'une pension/agence pour l'emploi pour sorciers et magiciens. Fforde discutait avec Bookshelf de cette nouvelle série à Atlanta, pendant sa longue tournée.

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L'interview

Je sais que vous avez un enfant en bas âge, mais, comme beaucoup d'auteurs de livres jeunesse ayant d'abord eu une carrière dans la littérature adulte, avez-vous aussi un adolescent qui vous a demandé d'écrire une histoire à leur seule intention ?

En fait, j'ai six enfants de 2 à 24 ans, mais Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons a été écrit à l'origine dans les années 90 sur la suggestion de ma plus jeune sœur. J'avais déjà écrit trois romans qui n'ont pas éveillé le moindre petit intérêt chez les éditeurs, quand elle m'a fait cette suggestion. Un certain livre – appelons le "HP" – retenait beaucoup l'attention et elle m'a demandé : Pourquoi n'écris-tu pas quelque chose à propos de dragons et de magie ?, parce qu'elle aime les dragons et la magie. A cette époque, l'aîné de mes enfants avait 9 ans et il a été élevé avec Le sorcier de Terremer et la série Narnia, tout comme ma sœur et moi, alors, j'ai pensé, pourquoi pas ?

Jennifer Strange pourrait être la fille de Thursday Next – elle a la même attitude implacable. Cependant, comme Jennifer est orpheline, cela voudrait dire que Thursday est morte, cela ne doit donc être qu'une simple coïncidence ?

En fait, j'ai écrit Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons avant de commencer L'affaire Jane Eyre (le premier livre où le personnage de Thursday Next apparaît). Mais oui, je pense que les personnages principaux sont similaires, en quelque sorte. J'aime créer des femmes au caractère affirmé. Je pense que Jennifer est ce que Thursday aurait pu être si elle avait été une jeune fille à l'époque des dragonslayers.

Est-ce vrai que L'Affaire Jane Eyre a été refusé 66 fois ? Soixante six envois, cela fait énormément de timbres.

Ce chiffre représente en réalité l'ensemble des livres écrits durant les 11 années qui ont précédé mes premières publications. Je demandais à tous les bons agents, parce que je pensais que je devais obtenir un agent réputé si je voulais qu'une maison d'édition à succès m'accepte. Donc après un refus je me disais: D'accord. Peu importe. Je vais écrire un autre livre. J'apprenais le métier. Tu ne peux pas simplement t'asseoir et écrire un livre. Tu dois trouver ton propre style. Et Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons serait resté sur mon disque dur encore 15 ans si mon merveilleux ex-agent, Tif Loehnis, ne m'avait pas présenté à Clare Conrad et Will Francis, et n'avait pas dit : Dites à Jasper de vous montrer Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons. Quand Tif m'a pris en charge pour la première fois, tout le monde proposait des livres de magie. Un nouvel auteur avec un livre sur la magie aurait été la risée de tous. Mais, quand je l'ai montré à Clare et Will, ils se sont exclamés : Oh mon Dieu ! On peut vendre ça maintenant.

Les trois livres de la trilogie sont-ils déjà disponibles au Royaume-Uni ?

Le deuxième tome est disponible et je travaille actuellement sur le troisième.

Attention, question spoiler. J'étais vraiment content de voir le titre du deuxième tome : "The Song of the Quarkbeast" ("La Chanson du Quarkbeast" en français). Dois-je imaginer que cela signifie ce que ça suggère : le retour du Quarkbeast ?

Oui, ça signifie exactement ça. Dès que les gens ont lu le premier tome, ils se sont plaints Comment avez-vous pu faire ça ? J'aimais tellement le Quarkbeast. Et j'étais perplexe. Il ne fait rien du tout et il est hideusement hideux. La seule chose à dire pour sa défense est qu'il est loyal. Mais c'était suffisant, je suppose. Il y a eu un épanchement de réclamations pour revoir le Quarkbeast. C'est une créature tellement inhabituelle que j'ai pensé qu'il y avait probablement un moyen de la faire ressusciter. Et donc, oui, il y a en a un.

Avant de devenir un auteur publié, vous avez travaillé dans l'industrie du cinéma pendant plusieurs années. Avez-vous pensé à la réalisation ?

Oui, j'y pense. J'ai commencé à écrire parce que je voulais être scénariste mais je n'étais pas très bon. Et puis, j'ai commencé à écrire des nouvelles, comme une sorte de traitement pour les scripts, et il s'est trouvé que j'aimais beaucoup écrire des nouvelles, beaucoup plus que les scripts. Elles ont commencé à devenir de plus en plus longues et, soudainement, il y a eu des romans. Ce qui est intéressant c'est que j'ai commencé à penser à écrire Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons pendant que je travaillais sur Le Masque de Zorro, le film avec Catherine Zeta-Jones au Mexique. J'y ai pensé pendant tout le tournage du film et quand je suis rentré, j'ai tout écrit en à peine deux-trois mois.

D'où vous vient ce sens de l'humour ?

C'est probablement un amalgame du fait d'avoir été élevé dans les années 70 quand il y avait quelques sitcoms fantastiques à la télévision, d'avoir un grand frère extrêmement drôle, et des parents académiciens qui insistaient pour nous traîner voir du Shakespeare. Donc je dirais que mon humour vient d'un mélange de comédies sans prétentions et de théâtre pour intellectuels. C'est un mélange intéressant.

Avez-vous toujours joué avec l'absurdité ? Etiez-vous le clown de la classe ?

Une fois, j'ai demandé très sérieusement à un camarade de classe si j'étais drôle et il m'a répondu qu'il ne souvenait pas de moi étant drôle. Je pense que j'étais plus probablement le garçon ennuyeux de la classe. Les clowns de la classe deviennent acteurs. Mon sens de l'humour était quelque chose que je partageais avec mes amis : c'était plus tranquille, plus intime, ce qui est probablement plus typique de quelqu'un qui est devenu écrivain.

Et à propos de vos parents ? Avaient-ils de l'humour ?

Mon père était un économiste et il n'était définitivement pas connu pour son sens de l'humour (le père de Fforde, John Standish Fforde, était le 24ème Chef Caissier pour la Bank of England, l'équivalent britannique de la personne dont la signature apparaît sur les devises américaines). Mais nous avions quelques fortes traditions à la maison. Il y avait beaucoup de lectures obligatoires - Trois Hommes dans un bateau, Diary of a Nobody, les travaux de Evelyn Waugh, et ils étaient souvent sur la table à manger. Ces satires et les comédies radiophoniques étaient ce que nous avions en commun et ce dont on parlait.

Parlez-nous de l'annuel "Fforde Ffestival".

C'est un grand plaisir. Quelques lecteurs très enthousiastes se sont demandés Pourquoi ne créerions-nous pas quelques hijinks autour de la série de Thursday Next ? et ils ont planifié une série d'événements à Swindon, la ville d'origine de Thursday. Je pense que l'année dernière était la cinquième édition et qu'ils en préparent une autre. Il s'agit de 130-140 fans de la série qui viennent déguisés, font des jeux et des activités. Ils recréent le jeu télévisé Name That Fruit et organisent le Hamlet Soliloquy Speed Trials. A ce propos, nous avons décroché le record du soliloque à 34 secondes, mais nous espérons descendre à 30 secondes. Cette manifestation a presque évolué en une grande réunion de famille. Il y a plus de 50 grands fans qui viennent chaque année, quelques-uns viennent même d'Australie.

Est-ce que les Américains veulent constamment corriger l'orthographe de votre nom de famille pour qu'ils correspondent à celui de la marque de voiture ?

Il semble avoir été inventé, mais c'était un cadeau d'anniversaire de mon père. Je me suis habitué à devoir dire En fait, ça s'écrit avec deux F et un e à chaque fois que je réserve à l'hôtel.

Et vivez-vous réellement dans un lieu appelé Hay-On-Wye ? Ca ressemble à un nom de sandwich.

Oui, vraiment. C'est une petite ville au milieu du Pays de Galles qui doit sa célébrité au Hay Festival, un éloge aux livres. 1500 personnes vivent à Hay-On-Wye et il y a 32 magasins de bouquinistes. Même maintenant, à l'âge d'internet, c'est une ville qui grouille de bibliophiles. Internet est parfait quand vous savez ce que vous recherchez, mais ça ne peut pas remplacer le plaisir de trouver la perle rare dont vous ne connaissiez même pas l'existence. C'est ce qui fait que les gens continuent de venir à Hay-On-Wye.


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