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Dix choses que nous ne voyons pas assez souvent en fantasy

Par Lisbei, le vendredi 17 octobre 2008 à 13:20:05

N.K. JemisonAprès notre dernière traduction d'un article consacré aux différences entre les genres, nous vous proposons aujourd'hui une autre traduction d'un article de N.K. Jemison. Celle-ci dresse ici une liste de 10 éléments qu'elle souhaiterait voir apparaître plus souvent en Fantasy.
Et vous, qu'en pensez-vous ?

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Article traduit

Et me voilà, une toute nouvelle auteure dont le livre (The Hundred Thousand Kingdoms, fantasy héroïco-romantico-nouvelle-vague, à paraître chez Orbit Books à l’automne 2009, oui, il en sera question plus tard) n’est même pas encore sorti, et Lucienne me demande d’écrire quelque chose pour Epic Fantasy Week.

Et là je me dis Mince ! Mais qui donc va s’intéresser à ce que j’ai à dire en tant qu’écrivain, alors qu’ils ne peuvent même pas lire mes œuvres pour voir si je sais de quoi je parle ? Du coup, j’ai décidé de m’y attaquer plutôt du point de vue d’une lectrice.

Ce qui tombe vraiment bien, car je suis une lectrice insatiable. Si je suis devenue écrivain, c’est largement dû au fait que mes auteurs préférés ne sortaient pas assez fréquemment de nouveaux livres pour continuer à me distraire. Et c’est là tout ma motivation : de l’avidité pure et simple ! Mais un autre problème plus conséquent a commencé à apparaître au fil des ans : mon genre favori, la fantasy, a tendance à couvrir les mêmes sujets et les mêmes thèmes un tout petit peu trop souvent. Ne vous méprenez pas, je n’ai pas de problème avec une bonne vieille fiction populaire. Mais de temps en temps (OK, disons assez souvent dans mon cas), une fille meurt d’envie de lire quelque chose d’un peu différent.

Voici donc les dix choses auxquelles je suis accro dans mes lectures de fantasy. J’ai intégré certaines d’entre elles dans mes propres romans, naturellement, et certaines sont explorées par d’autres auteurs, mais précisons à nouveau que je parle sous le sceau de l’avidité : j’en veux plus !

10. Un vrai groupe de héros.

OK, nous avons un elfe, un nain, un homme et un semi-homme qui entrent dans un bar …

Intrigue de roman ? Mauvaise blague ? C’est difficile à dire, puisque la plupart des quatuors de fantasy sont en réalité de simples sessions de jeux de Donjons et Dragons légèrement voilées transposées sur papier. Ce genre de fantasy ne me dérange pas vraiment ; il s’agit de littérature populaire, après tout. Mais revenons à notre quatuor un moment. La fantasy épique est censée être épique, non ? Avec des milliers de personnages, des intrigues qui vont du bouleversement d’un monde à la mise en forme d’un univers, avec des dangers de mort dans tous les coins, et tout ça ? Dans la réalité, la victoire dans de si grandioses sagas est généralement le fruit d’un travail d’équipe. Pourquoi n’est-ce pas plus souvent le cas en fiction ?

Il me semble que de nombreux livres de fantasy se concentrent trop sur un seul et unique personnage. Oh, bien sûr, les personnages secondaires ont des choses importantes à accomplir, comme dévaler un escalier en surfant sur un bouclier tout en réussissant des tirs impossibles avec un arc et une flèche (eh oui, je suis une fan du SdA de Peter Jackson, je suis prise en flagrant délit). Mais avons-nous jamais l’occasion de comprendre les motivations de ces personnages ? Entendons-nous parler des personnes chères qu’ils ont laissées chez eux, de leurs loisirs préférés, de leurs peurs ? Est-ce que leur mort, parce qu’ils meurent souvent, veut dire quelque chose à part motiver le personnage principal ?

Il semble que ce soit un problème en particulier pour les auteurs de fantasy américains, et cela vient probablement de notre amour pour un individualisme farouche. Ce qui n’est pas nécessairement un mal, mais il arrive un moment où cet individualisme exacerbé commence à défier les règles de la logique et d’une bonne narration. Il y a également une grande valeur de distraction à voir des gens travailler ensemble pour le bien d’une équipe.

Je fais ici appel à Lynn Flewelling, dont la série Nightrunner est une parfaite illustration de mon propos. Cela aurait pu si facilement devenir Seregil et Ses Incroyables Amis. Au lieu de cela, un des points forts du roman est le développement d’un personnage qui démarre en tant que personnage secondaire, Alec, pour devenir un compagnon et un héros à part entière. D’autres personnages ont également longuement droit aux feux de la rampe. Mais étant donné que Madame Flewelling ne sort tout simplement pas assez vite de nouveaux romans pour assouvir mes envies, voyons si nous pouvons convaincre d’autres auteurs d’adopter la même démarche.

9. Des décors autres que McMédiéval McEurope.

En réalité, les romans de fantasy épique se déroulant dans la Rome Antique, dans l’Angleterre médiévale, à la Renaissance ou d’autres époques analogues ne me posent pas de problèmes. J’en ai lu de très bons, comme vous tous, j’en suis sûre. Mais enfin, n’y a-t-il vraiment rien d’autres à exploiter ? L’histoire humaine est si riche et si variée. Pourquoi est-ce que 90 % des romans de fantasy épique sont concentrés sur un seul continent ? Pourquoi y en a-t-il tellement d’agglutinés autour d’une poignée d’époques dans l’histoire de ce continent ? Pourquoi ne pas nous montrer des romans de fantasy se déroulant dans les Empires Maya ou Malien, ou des versions fictives de ce genre-là ? Ou en Europe, mais dans les années 1920 plutôt qu’au Moyen Âge ; montrez-nous des elfes à la mode garçonne ! Nous commençons juste à voir quelques romans de fantasy épique se déroulant dans la Chine ou le Japon ancien, et une poignée dans l’Europe de l’Est, mais ce n’est pas du tout suffisant.

Et pourquoi le Graal ne se trouve-t-il jamais dans un lieu vraiment lointain, comme l’Antarctique ou l’Australie ?

8. Des mâles Alpha et des femelles Bêta.

Je vais maintenant emprunter quelques formules au nouveau genre à la mode : le genre de la romance paranormale. Ce genre a donné un nom à quelque chose qui grouille dans la fantasy épique depuis Fafhrd et le Souricier Gris : le mâle Alpha (ndt : ou mâle dominant). Ce sont les héros traditionnels des romans de fantasy : le genre de types loyaux, implacables face au Mal, qui cognent d’abord et réfléchissent ensuite. Les femmes sont folles d’eux, les hommes en sont jaloux et les enfants veulent leur ressembler. Il faut tout de même admettre que la fantasy épique a fait un bon boulot en ce qui concerne le choix de mâles Bêta (ndt : ou mâle non-dominant) : des types peu sûrs d’eux, traînant des pieds, qui préfèreraient rester à la maison avec un bon bouquin plutôt que d’aller chasser le dragon. Malheureusement, la fantasy épique a tendance à faire rentrer de force ces types dans le moule du mâle Alpha en présentant cette transformation comme l’évolution du personnage. Je suppose que c’est censé : les Armées de Lumière ne sont pas du genre à risquer leur peau pour un pauvre gars timide et réservé. Mais le résultat désastreux de cela est que pratiquement tous les personnages principaux masculins des romans de fantasy épique finissent dans le rôle du mâle Alpha, qu’ils l’aient été depuis le départ ou qu’ils le soient devenus.

Le changement que j’aimerais voir est simple : laissons les Bêta rester Bêta. Racontez-nous plus d’histoires du point de vue du comptable du héros, ou de son cireur de chaussures, n’en faites pas des rois à la fin ! Je suis tombée littéralement sous le charme de la description que fait Mary Renault d’Alexandre le Grand, racontée par Bagoas, son esclave personnel, dans The Persian Boy. Bien sûr, les mâles Bêta ne sont pas toujours réduits à jouer les faire-valoir ou les ombres des Alpha ; ils peuvent se révéler grands par eux-mêmes. Stephen R. Donaldson a fait un excellent travail sur ce point avec ces chroniques de Thomas Covenant, en se concentrant sur un héros qui n’est pas seulement réticent, mais carrément méprisable et pas tout à fait sain d’esprit. Cela rafraîchit un roman qui est par ailleurs un cadre de fantasy classique où il s’agit de trouver le Graal et de combattre le seigneur des ténèbres.

Sur le même sujet, je suis ravie de constater que ces quelques dernières années il y a eu une véritable explosion de présence de femelles Alpha en fantasy. Pendant bien trop longtemps nous avons dû nous contenter de personnages féminins qui existaient seulement en tant qu’objet pour lequel le héros masculin devait combattre, qu’il devait gagner ou venger, etc. Ces femmes, mêmes dotées d’un caractère fougueux ou pleines de verve, restaient irrémédiablement Bêta parce qu’elles manquaient d’indépendance. Maintenant en fantasy urbaine et dans les romances paranormales, on découvre un vaste champ de personnages féminins qui sont de véritables Alpha : leurs personnalités varient, mais elles font leurs choix en fonction d’elles-mêmes, pas en fonction de l’impact qu’ils auront sur le héros masculin.

Mais en dépit de leur popularité dans ces nouveaux sous-genres, les femmes comme ça commencent tout juste à pénétrer le monde de la fantasy épique. Ce progrès a été largement permis grâce à des pionnières comme Tanith Lee et Ursula Le Guin, et plus récemment Karen Miller et Jacqueline Carey. Alors, montrez-en-nous plus !

7. De la fantasy sans magie.

En 1987, Ellen Kushner dans Swordspoint : A Melodrama of Manners (ndt : ce livre sort en France en octobre sous le titre A la pointe de l’épée, chez Calmann-Lévy) nous montre à tous comment c’est possible : de la fantasy épique sans magie. A la place de la magie, elle éblouit les lecteurs avec la société d’un monde alternatif compliquée et remplie de personnages solitaires et à la moralité ambiguë, avec des intrigues politiques aussi mortelles que des duels (et d’ailleurs c’est souvent ainsi qu’elles se terminent), et un héros dont le talent à l’épée est presque magique. Ce livre a ouvert la porte à l’âge d’or d’une fantasy épique qui rejetait l’usage de la magie au profit d’une complexité socio-économique éblouissante, du soin apporté aux personnages, de la magie des idées, et …

Oh, attendez. Ca n’a pas été le cas.

Et pourquoi diable ? OK, il y a eu quelques progrès dans cette direction. Une grande partie de la steampunk remplace la magie par des gadgets et une construction de mondes hallucinants d’une manière très fantasyste, et certains des auteurs de la nouvelle vague fantasy utilisent la magie comme un simple accessoire, pas du tout un élément principal. Mais enfin, j’en veux plus.

6. Traversez les Courants !

Petit quizz : Qu’ont en commun FTL (ndt : Faster Than Light, plus rapide que la lumière, utilisé pour désigner les voyages interstellaires), la vie sur d’autres planètes et une intelligence artificielle comparable à l’intelligence humaine ?

Réponse 1 : ce sont les bases de la science-fiction.

Réponse 2 : c’est de la pure fantasy.

Ils n’existent pas. Ils n’existeront peut-être jamais. Ces concepts peuvent bien opiner du bonnet en direction de théories physiciennes ou des sciences informatiques, mais en tout état de cause, ils n’ont de réalité que dans les imaginations en ébullition de nuls en sciences comme moi. Toutes proportions gardées, et vu l’usage qu’il en est fait, ces choses pourraient aussi bien être de la magie, comme plusieurs fans de science-fiction eux-mêmes m’ont déjà fait remarquer.

Vous savez ce que ça signifie pour moi en tant qu’écrivain de fantasy ? Oui, c’est cela. Plus de choses pour moi.

Pourquoi les auteurs de science-fiction seraient-ils les seuls à avoir le droit de jouer avec les jolies choses brillantes en métal ? Ou, par la même occasion, avec les choses sanglantes et terrifiantes ? Les rengaines de la fantasy épique, de la SF ou de l’horreur sont devenues des modes opératoires standards pour d’autres médias et pour d’autres genres depuis des années : les films Star Wars, les jeux vidéos Final Fantasy, l’œuvre de Stephen King La Tour Sombre. Et pourtant je vois rarement, pour ne pas dire jamais, des fictions de fantasy épique incorporer les tropes de ces autres médias. Et c’est vraiment dommage, car lorsque c’est fait correctement, comme dans la trilogie Coldfire de C.S. Friedman par exemple, cela donne souvent une nouvelle fraîcheur à un sujet plutôt standard de fantasy. Un autre exemple récent est China Miéville, dont les histoires de Bas Lag mettent en scène les ReMade (des cyborgs ou des chimères créés par magie), des extra-terrestres et des vampires.

Nous avons besoin de plus de choses comme ça, à mon avis. Je veux voir des sorciers astronautes. Je veux que le seigneur démoniaque soit un Martien. Je veux voir des vaisseaux spatiaux propulsés par des elfes courant sur des tapis mécaniques dans la salle des machines … Hum. Peut-être pas ça.

Mais pour le reste : amenez-en-moi !

5. La reconnaissance de la Laideur.

Il y a quelques années Cecilia Dart-Thornton a créé The Ill-Made Mute, un personnage féminin rare, car elle n’était pas belle, et pourtant elle avait quand même une histoire d’amour. Ce n’est pas le genre de laideur dont je veux parler, mais d’une certaine façon cela met l’accent sur un problème plus général en fantasy : la sur-simplification et l’embellification de la vraie vie.

Cela se produit sur tous les plans, du macro au micro. Combien de romans de fantasy épique mettent en scène la mise en place sur le trône d’un monarque de droit divin ou désigné qui deviendra souverain absolu de tout ce qui l’entoure ? Dans la réalité, la plupart des monarques absolus étaient des tyrans qui n’avaient aucun scrupule à sacrifier leurs sujets dans des guerres ou dans la pauvreté, dans le but d’accroître leur pouvoir ou leurs richesses. Ils étaient pervertis, émotionnellement et psychologiquement, dès la naissance, et plus souvent qu’à leur tour de simples pantins contrôlés par une oligarchie discrète. Les destinées royales sonnent bien sur le papier, et dans la plupart des fantasy épiques, mais la réalité est bien plus laide.

Cela ne signifie pas que je veuille lire un tas de romans déprimants sur des garçons de cuisine conquérant un trône seulement pour se retrouver coincés avec une femme hémophile, des enfants parricides et un conseil royal va-t-en-guerre qui n’aura rien de plus pressé que d’en faire leur bouc émissaire dès qu’il perdra une guerre. Mais je suis quand même fatiguée de voir en permanence de bons et nobles rois qui n’ont jamais à se soucier des réalités politiques. Je suis quand même fatiguée de voir des sociétés féodales où les serfs sont heureux, bien nourris et fondamentalement loyaux envers leurs nobles seigneurs. Bon sang. C’est un conte de fées, pas de la fantasy épique.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime le Midnight Never Come de Marie Brennan, qui se passe dans les cours jumelles de la Reine Elizabeth et de la Reine de Faerie Invidiana. Les deux monarques sont effrayants, totalement égocentriques avec des tempéraments explosifs. Les membres de leurs cours passent leur temps à marcher sur des œufs, et leur loyauté n’est rien d’autre qu’une préservation intelligente de leur propre intérêt. Tout le monde est endetté jusqu’au cou, y compris la reine, et personne n’a la moindre illusion sur la justice ou l’honneur en tant que principe directeur de l’état.

C’est quelque chose de riche et d’adulte, le genre de chose que je dévore. Et j’ai encore faim.

4. La rigueur scientifique.

J’ai déjà discuté de ça dans un autre article récemment, mais je reprends ici mon postulat de base : même la fantasy doit se conformer aux bases scientifiques. De bien trop nombreuses espèces non-humaines sont mal traitées du point de vue de leur évolution et de leur sociologie, ayant toutes le même aspect, la même façon d’agir ou de parler. De trop nombreux héros défient les lois de la physique de manière non pas magique mais plutôt bancale. Par exemple, un type portant une lourde armure chevauchant un cheval élevé pour la vitesse risque probablement de le tuer, parce qu’il sera plutôt petit et pas très costaud. Et pourtant la fantasy épique est pleine de guerriers chevauchant vers le combat à grande vitesse. Et si la magie n’est pas tenue de se conformer aux lois naturelles – je n’ai aucun problème avec un sorcier qui génère un éclair issu de nulle part, on s’en fiche de la loi de conservation de l’énergie – il y a des limites à ma bonne volonté à être crédule. Si ce sorcier se tient au milieu d’une flaque d’eau, je vais me mettre à rire.

3. Des sociétés humaines d’une complexité réaliste.

J’y ai déjà fait allusion en développant d’autres points, mais je pense qu’une petite réitération n’est pas superflue sur ce point. Je veux voir une description réaliste de l’humanité. Dans la même mesure où une bonne partie des livres de fantasy épique ont tendance à sur-simplifier la politique, la science et la magie des mondes de fantasy, la construction socioculturelle a également été nivelée. Je peux comprendre la tentation à agir ainsi. Souvent dans son Histoire, l’ancienne Ecosse était constituée d’au moins quatre groupes ethniques différents qui parlaient trois langues différentes et qui se répartissaient en quatre ou cinq strates sociales … mais qui a envie de s’embêter avec tout ça alors qu’on peut se contenter d’écrire sur de chouettes Highlanders en kilt ? Et pourtant, il me semble que les histoires qui font la part de la complexité réaliste des sociétés humaines sont plus intéressantes. Est-ce que ce Highlander ne serait pas encore plus chouette s’il pouvait parler dix langues et avoir un sabre japonais ?

(Je suis une vraie geek.)

Et concentrons-nous maintenant sur l’éléphant dans le couloir, ici : la diversité. Pas seulement raciale, même si trop souvent les gens réduisent la notion de diversité à cela. Les véritables sociétés humaines comptent des gens vieux, des gens gros, des gens illettrés, des gens pauvres, des gens handicapés, et un millier d’autres formes d’humanité. Les véritables sociétés humaines font du commerce avec d’autres sociétés humaines, et une partie de ce qui est échangé est du matériel génétique. L’Europe médiévale était en réalité assez diverse au niveau des lignes raciales et culturelles : il y avait non seulement les différentes cultures européennes, mais il y avait également des commerçants venus de Chine via la Route de la Soie, des Arabes et des Maghrébins (quand il n’y avait pas une Croisade sur le feu), des artisans juifs, etc. Des fantasy épiques qui se déroulent dans l’Europe médiévale devrait au moins incorporer tout cela.

Je pense que les écrivains de fantasy devrait simplement se rappeler ceci : quel que soit le monde et l’époque sur lequel se base votre histoire, 50 % de la population sera féminine, et les femmes ne seront pas toutes de belles et gentes dames, tous les hommes ne s’intéresseront pas aux dames, et certains enfants auront probablement le teint mat et les cheveux bouclés.

2. Une vie après A tout jamais.

D’accord, j’ai grandi avec des contes de fées comme la plupart d’entre vous. Et enfant, je les adorais ; ils me confortaient dans l’idée que le monde était bon, ou au moins qu’il pouvait le devenir, le bien et le mal étaient clairs et nets, et trouver un prince résoudrait tous mes problèmes.

Bien sûr, cela ne me satisfait plus à présent. Et pourtant je continue à voir fantasy épique après fantasy épique culminer sur la même conclusion moralement simpliste et finir juste au moment où les choses pourraient devenir intéressantes. Cela ne signifie pas que je veuille voir des romans sur le pas de la porte se prolongeant interminablement à coup d’épilogues et autres morceaux rajoutés qui ne tenaient pas dans l’intrigue. Cela marche parfois - Le nettoyage de la Comté de Tolkien à la fin du Seigneur des Anneaux en est un magnifique exemple – mais peu d’écrivains ont son talent ou sa fine compréhension de la façon et du moment où une coda est nécessaire.

Ce que j’aimerais mieux voir c’est des histoires qui commencent quand les contes de fées se terminent. Faites nous voir un monde de fantasy en train de se remettre d’une guerre génocide comme dans le SdA. Ne serait-il pas plus intéressant pour un héros de se mettre en quête d’un Graal … alors qu’un autre héros plus célèbre a déjà essayé et est mort en essayant ? Ou que se passerait-il si ce héros plus célèbre avait réussi, mais que son Graal est un faux, et que personne ne croit notre Monsieur Personne quand il tombe par hasard sur le vrai Graal ? Encore mieux, que se passerait-il si le héros célèbre savait que son Graal n’est qu’une copie, mais qu’il ne voulait pas renoncer à la gloire et à la fortune, et qu’il devenait un méchant pourchassant notre Monsieur Personne ?

J’ai lu un petit nombre de romans s’aventurant dans ces territoires, en particulier les livres Mistborn de Brian Sanderson. Mais il devrait y en avoir plus.

1. Plus de Fantasy, tout simplement.

Je risque d’être huée pour ce dernier point. Mais je le note en numéro 1 parce c’est la chose qui me manque le plus en fantasy épique : des histoires qui renonceraient aux ornements des mythes et cultures qui nous sont familiers. Je veux voir plus d’auteurs simplement inventer des choses. On pourrait penser que c’est chose facile pour nous autres fantasystes, mais ce n’est pas le cas. Je pense qu’il y a une certaine crainte que le lectorat ne veuille lire que du certifié et approuvé. Ou peut-être n’est-ce pas de la peur, mais de la lassitude ; j’ai entendu plus d’un collègue écrivain ressortir la vieille rengaine selon laquelle il n’y a qu’un nombre limité d’histoires originales, toutes les autres n’étant que de simples variations autour des mêmes thèmes. C’est peut-être vrai. Mais même si ça l’est, est-ce une raison pour arrêter d’essayer ?

La fantasy, même dans ses formes élégantes de fantasy épique, est de la fantasy ; au plus profond d’elle-même, il n’existe aucune forme ou tradition à laquelle elle est tenue de se conformer. Le ciel est la seule limite (et étant donné que j’ai suggéré que la fantasy peut et doit aller dans l’espace, même cela ne devrait pas nous retenir). Donc donnez-nous plus d’originalité ! Et comme ça j’aurai plus de choses sympas à lire.

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