Alors que l'on voit fleurir régulièrement des articles s'offusquant de l'absence de femmes ou de la surreprésentation des hommes dans les littératures de l'imaginaire, Julie Crisp, éditrice chez Tor Uk, apporte sa pierre à l'édifice.
Au cours de ces dernières années, j'ai vu de nombreux articles déplorant le manque d'auteures de SFF, en science-fiction en particulier. Et généralement, la faute en revient à l'éditeur. Chaque fois que je vois un de ces articles, je prends un peu la mouche parce que, devinez quoi ? Je travaille dans l'édition. Je travaille dans le genre. Et voilà l'idée - je suis une femme. Oui, une éditrice au service et à la recherche de bons livres de genre - masculins ET féminins, commence-t-elle. Les éditeurs sont loin d'être sexistes, car contrairement aux idées reçues, 90% des éditeurs de genre au Royaume-Uni sont des femmes, et sont elles-mêmes dirigées par des femmes.
Elle explique ensuite que le problème ne vient pas des maisons d'éditions, mais plutôt en amont du côté des écrivains. Pour illustrer son propos, elle a recensé toutes les propositions de textes reçues chez Tor UK et les a classées dans le tableau que vous pouvez retrouver ci-dessous par genre littéraire et sexe. Le constat est édifiant : mis à part le young adult et l'urban fantasy, tous les autres genres ne sont que très peu traités par les femmes.

La triste réalité, c'est que nous ne pouvons pas publier ce qui ne nous est pas soumis, explique Julie Crisp. Sur 503 soumissions, seules 32% sont celles d'auteurs féminins. Mais quand l'on compare les soumissions au nombre de textes acceptés, chaque année l'éditrice et son équipe ne prennent que quatre nouveaux romanciers, et cette année sur ces quatre deux sont des femmes. Alors, voilà. En tant qu'éditrice, il serait bien de soutenir les femmes auteurs et d'en obtenir plus sur notre catalogue. Mais elles seront jugées de la même manière que tous les autres scripts qui arrivent dans nos boîtes de réception. Pas sur le sexe de l'auteur, mais sur la qualité de son écriture, si l'histoire est engageante, si les personnages sont bien écrits, si nous aimons le texte, ajoute t-elle, avant de conclure : Même si je comprends pourquoi les gens sont si passionnés par l'idée d'avoir plus de femmes écrivains dans le genre, surtout quand il s'agit de science-fiction, l'image n'est pas aussi claire qu'elle y paraît. J'ai lu récemment quelque part une citation {de l'auteure Germaine Greer, NDLR} qui dit : ''Le féminisme, ce n'est pas que toutes les femmes croient la même chose, c'est que les femmes défendent ce en quoi elles croient et aient la liberté de faire leurs propres choix." Eh bien, les livres que j'ai choisis, les auteurs (hommes et femmes) avec qui je travaille - ils sont ce en quoi je crois, ce sont mes choix.

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