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La Fille maudite du capitaine pirate - 1
ISBN : 978-291859605-9
Catégorie : Bd
Auteur/Autrice : Jeremy A. Bastian (Proposer une Biographie)
Port Elisabeth, Jamaïque, 1728. Une orpheline, abandonnée dans un monde qui n’est pas le sien, entame un périlleux voyage. Elle part à la recherche de son père, capitaine pirate des mers d’Omerta. Les légendes de ces eaux ténébreuses parlent de monstres inimaginables et de créatures infernales…
Critique
Par Erkekjetter, le 16/12/2018
Jeremy Bastian est un dessinateur américain, qui rêvait enfant de travailler sur des comics. S’il suit un parcours plutôt classique qui le mène sur les bancs de l’école d’art de Pittsburg, c’est la découverte des gravures d’un certain Gustave Doré qui va singulièrement changer la donne. Cette influence se sent pleinement dans l’histoire de La Fille maudite du capitaine pirate, première publication de l’auteur, un album tout en noir et blanc à des kilomètres des canons habituels de la bande dessinée, qu’elle soit américaine ou franco-belge.
Bastian déploie dans ce volume un savoir-faire époustouflant, tant dans son coup de crayon que dans la mise en page elle-même, qui se fiche bien des carcans classiques – et tant mieux, car cela permet à l’artiste toutes les fantaisies sans se sentir à l’étroit. Le dessin est une évocation sublime des gravures anciennes, tout en conservant un cap résolument moderne, et donne corps à un univers fantasmagorique, parfois un peu inquiétant, qui pourra faire penser à celui d’Alice au pays de merveilles, dans une version pirate et maritime. Si l’on voulait résumer les influences qui président à cette création en une formule, cela donnerait ceci : Lewis Carroll + Gustave Doré + Jérôme Bosch + âge d’or de la piraterie = La Fille maudite du capitaine pirate. Un mélange parfaitement réussi.
Dire que c’est beau serait par trop insuffisant et ne rendrait guère hommage au travail de titan de l’artiste : chaque image est un pur bonheur, un régal pour les yeux foisonnant de détails, au point de presque faire regretter le format « trop petit ». On pourrait s’y perdre pendant des jours, tant il y a à regarder, à admirer. Et cela ne donne pas pour autant l’impression que c’est surchargé. Pour les amateurs de tatouage, il y a de quoi trouver l’inspiration pour recouvrir d’encre la peau d’un corps entier ; pour les autres, ça n’en sera pas moins un voyage visuel dépaysant et démentiel, de ceux qui vous marquent à jamais, pour peu que l’on soit sensible à cet imaginaire.
L’histoire, quant à elle, n’est pas en reste. Introduite à la suite d’une rencontre fortuite avec la fille du gouverneur de Port Elisabeth, qu’elle fascine instantanément, notre jeune héroïne part en quête de son père, quittant les rivages de la Jamaïque pour rejoindre les mystérieuses mers d’Omerta, basculant pour ainsi dire dans un autre monde. C’est qu’il n’est pas donné à n’importe qui de pouvoir rejoindre ces eaux, où cinq capitaines seulement battent pavillon noir.
On retrouve dans le récit un peu des contes classiques, mais pas dans leur version édulcorée façon Disney, et des récits annonçant la fantasy moderne, Alice, donc, mais aussi Le Magicien d’Oz. Et là encore, l’hommage est plus que réussi, l’auteur parvenant à être résolument créatif dans ce qu’il propose au lecteur. Les personnages sont fascinants, non seulement notre flamboyante demoiselle mais également tous ceux qui croiseront sa route, chevaliers espadons ou pirates de tout poil, perroquet ou créatures abyssales. Ça déborde de vie, de trouvailles, d’humour, et malgré une étrangeté pas toujours rassurante, tout reste merveilleux, enchanteur, captivant.
Je ne pourrais en parler plus avant autrement qu’en prenant la parole à la première personne : je suis tombée amoureuse. Irrémédiablement, incurablement, passionnément. J’ai été conquise dès la première apparition de cette jeune pirate, « rapière » en main, dès ses primes répliques, mordantes et réjouissantes. Et quelle vivacité, quel panache ! Comment ne pas lui succomber ?
La Fille maudite m’a mangé le cœur. Chaque instant de lecture a été un enchantement, chaque page, une pure jubilation. Le volume est un peu épais, comparativement aux habituels formats de bd, mais il m’a été impossible de le lâcher avant d’en avoir dévoré jusqu’à la dernière miette (et pourtant j’ai essayé d’en garder pour le lendemain…), le cœur battant, le sourire aux lèvres, avec un enthousiasme tellement débordant que j’en ai eu du mal à dormir. Vraiment. J’étais grisée, hantée par cette fille, son énergie, sa façon d’être, son univers, comme jamais je ne l’avais été auparavant. Le charme a opéré, puissant et ravageur, bien au-delà de ce que j’avais pu espérer en ouvrant cet album. Je ne vois rien à reprocher, rien à jeter, rien à améliorer : tout m’a paru source de délice.
Chapeau bas à Patrick Marcel pour sa divine traduction, qui retranscrit à la perfection le choix de l’auteur d’utiliser des termes désuets (et de créer des expressions au charme indéniable !), et à l’éditeur qui a permis d’importer chez nous ce chef-d’œuvre. Faites confiance au talent de Jeremy Bastian, il vous mènera vers un véritable trésor, rare et précieux, de ceux que l’on chérit toute une vie et dans lesquels on replonge mille fois avec un plaisir toujours immense et sans cesse renouvelé.
9.5/10
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