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In the Lives of Puppets

ISBN : 978-125021744-8
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : T.J. Klune (Proposer une Biographie)

Dans une étrange petite maison perchée parmi les branches d’une forêt, vivent trois robots : l’inventeur Giovanni Lawson, figure paternelle, Cliquet l’infirmière aux tendances sadiques et Rambo le petit aspirateur désespérément en quête d’attention. Victor Lawson, un humain, y vit également. Ils forment une famille, cachée et en sécurité.
Tout bascule le jour où Vic récupère et répare un androïde inconnu appelé “HAP”. Hap et Gio partagent en effet un sombre passé qui va les rattraper lorsque Hap alerte involontairement les robots dont ils se dissimulaient. Gio est capturé et emporté vers la Cité des rêves électriques.
Ensemble, les membres de la famille de Vic doivent traverser un cadre impitoyable et éthéré pour sauver Gio de la mise hors service, ou pire, de la reprogrammation. Le périple forcera Vic à affronter ses sentiments contradictoires pour Hap : peut-il se laisser ficeler par l’amour ?

Critique

Par Luigi Brosse, le 21/01/2024

Pinocchio est-il de la fantasy ?
J’avoue n’y avoir jamais réfléchi avant de lire In the Lives of Puppets. Quoi qu’il en soit, un consensus positif s’est rapidement élevé autour de moi en réponse à cette question. Soit. On en déduira donc qu’une réécriture moderne du classique avec des robots dans un monde post-IA peut se ranger sous l’ombrelle de la science-fantasy (il y a, après tout, un brin de magie derrière les sentiments dont certains androïdes font preuve). Voilà pour l’étiquette, même si comme souvent avec TJ Klune, c’est une discussion un peu stérile, tant l’auteur se plait à piocher dans tous les genres à la fois.
Comme le résumé le révèle, il s’agit d’un roman assez simple. C’est le conte d’un enfant et de son père, de quelques robots, et de leurs aventures tous ensemble. L’hommage appuyé à l’original italien est recherché et assumé. De même, il sera difficile de ne pas noter des similitudes avec le Magicien d’Oz. Des trois compagnons de Victor : un a perdu ses souvenirs, un manque d’empathie (et doit compenser par une sous-routine qui ne s’enclenche que rarement) et le dernier n’est pas très brave. Pour autant, le roman est aussi plus que cela.
En effet, TJ Klune revendique ouvertement sa volonté de proposer des histoires d’imaginaire queer. Et sa façon de faire s’apparente beaucoup à comment Ursula Le Guin intégrait des personnages de couleur à ses romans. C’est à la fois en filigrane et crucial, jamais pour surfer sur la hype ou pour respecter des quotas. Il s’agit juste d’offrir des récits intelligents mettant en scène des personnages non basés sur le stéréotype hétérosexuel. Et tout Pinocchio qu’il soit, on peut apprécier le cheminement intérieur de Victor, humain asexuel et de sa relation compliquée avec un robot amnésique. La fantasy, ça peut être ça aussi.
Mais plus qu’une histoire de sentiments, Lives of Puppets explore de manière moderne ce que signifie être humain – tout comme le fit son ancêtre. Mais à l’opposé de la fable morale (voire moralisatrice), il s’agit ici de célébrer notre affinité pour l’amitié, la créativité et l’espoir, ainsi que nos défauts et nos bizarreries. Sans nier le peu de cas que l’humanité semble porter à sa planète et à ses semblables (on pensera au prélude au scénario principal ou aux remerciements de l’auteur), le message, délivré avec humour et cœur, se veut résolument optimiste. C’est peut-être d’ailleurs ça la magie de TJ Klune, ce mélange de légèreté et de douceur, malgré la noirceur alentour.
Pour revenir à des choses plus terre-à-terre, le cadre science-fictionnesque fonctionne bien. L’auteur s’appuie sur bon nombre de tropes pour ne pas avoir à tout expliquer, mais prend son temps avec les twists qu’il introduit. On peut également décerner une mention spéciale aux personnages secondaires, qu’ils soient alliés ou antagonistes. Tous ont un petit quelque chose de fascinant, même si Rambo l’aspirateur restera pour moi la véritable âme de ce livre.
Mis bout à bout, cela avait tout pour être le chef d’œuvre de Klune. Mais le mécanisme a commencé à dérailler vers les deux tiers du roman, comme si l’auteur avait épuisé ses idées et ses sources d’inspiration. Presque toute la partie dans la Cité semble précipitée, les péripéties et leurs dénouements très capillotractés et même les échanges plus philosophiques se font décousus ou tombent à plat. L’humour peine également à se renouveler (et la même blague ne fait plus autant sourire après la troisième redite). On aurait pu excuser cette incartade si l’épilogue s’était montré à la hauteur, mais je l’ai trouvé particulièrement insipide (un comble quand l’auteur remercie son éditeur pour l’avoir aidé à le réécrire entièrement en mieux).
En conclusion, In the Lives of Puppets avait tout pour être finalement le roman à recommander de Klune. Léger, drôle et philosophique à la fois, il n’aurait pas eu à rougir de la comparaison avec le Pinocchio originel. Malheureusement, la fin de l’histoire plombe complètement tout le travail fait jusque là et empêche le livre de concrétiser cette prétention.

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