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La Chute de la Ville Principale

ISBN : 978-237071166-3
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Zozoulia, Efim
Traduction : Lavigne, Emma

Ce recueil réunit les cinq textes du cycle complet des nouvelles fantastiques d’Efim Zozoulia (1891-1941) : La Chute de la Ville Principale, L’Atelier de l’amour de l’Homme, Le Conte d’Ak et l’humanité, Le Mobilier humain et Le Gramophone des siècles. Tous ces récits ont été écrits à Petrograd en 1918 et 1919. 
L’humour, volontiers grinçant, y est associé au sens de la fable et de l’anticipation. Cet ensemble témoigne de la vitalité, au lendemain de la Révolution, de la veine satirique dans la littérature russe.

Critique

Par Gillossen, le 09/03/2021

La préface d’Emma Lavigne eut le mérite de me soulager d’un certain sentiment de culpabilité, qui m’avait étreint en me disant que le nom de cet auteur ne me disait absolument rien : Efim Zozoulia fait partie des oubliés de la littérature russophone et ce constat vaut sans doute pour de nombreuses petites perles encore à (re)découvrir. 
Que dire d’un auteur qui participa, entre autres (et pour l’anecdote cocasse), à une compilation des meilleurs chants à la gloire de Staline ? Que ce mince recueil nous propose ici ses textes ouvertement fantastiques (et visiblement très mal accueillis par la critique de son temps), doublés souvent d’une bonne dose d’esprit satirique joyeusement désabusé (si, si). Mordant, Zozoulia l’est souvent, même si un certain humour, pour ne pas dire un humour certain, n’est jamais bien loin. Si l’on met de côté Le Gramophone des siècles à l’idée de base aussi simple que terrible, dernière nouvelle de ce bref recueil, “politiquement acceptable” en URSS, on ne sera pas surpris d’apprendre que ses autres textes fantastiques ont longtemps été mis de côté ou accompagnés de maintes précautions pour ne pas s’attirer les foudres de certaines entités à l’esprit étriqué. C’est que si cette veine satirique a connu un certain souffle juste après la Révolution, la censure est vite tombée comme une chappe de plomb.
Il faut dire que Zozoulia interroge la société, les sociétés, nos sociétés, à travers ses courtes histoires et percutantes, évoquant parfois la verve d’un Anton Tchekhov. En cela, elles demeurent tout à fait d’actualité, car espoirs, révolution, oppression sont toujours au premier plan de la vie de beaucoup aujourd’hui. Les récits oscillent donc entre fantastique, dystopie, anticipation, avec pour points communs des personnages à fleur de peau, qui n’ont pas toujours le recul nécessaire sur leur existence ou le monde qui les entoure, tout en étant frappés (victimes, parfois volontaires ?) de plein fouet par les règles de celui-ci. 
Si La Chute de la Ville Principale demeure avant tout un objet de curiosité plutôt qu’un chef d’œuvre méconnu (on reste souvent à l’écart des protagonistes et il faut se faire au ton particulier des dialogues, quelle que soit la nouvelle concernée), sa lecture se révèle tout à fait agréable et comme le dit d’ailleurs l’une des nouvelles, on peut se demander après coup si le passé souvent en question ici a réellement “déguerpi”. 
En somme, du fantastique ancré dans et témoin de son époque, tout en touchant des thèmes intemporels. 

7.5/10

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