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L'Oiseau Blanc de la Fraternité

ISBN : 978-249240364-4
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Cowper, Richard

À l’aube du troisième millénaire, dans une Angleterre composée de myriades d’îles enlacées par les brumes et revenue à un mode de vie moyenâgeux, un jeune joueur de pipeau se découvre le don d’envoûter les hommes aussi bien que les animaux. Il peut également instiller en eux des émotions uniques, donner vie aux rêves et aux souvenirs.
En ces temps troublés où se mêlent dans les cœurs et les esprits les peurs d’un avenir sombre mais aussi les espérances les plus folles, une histoire se répand : celle d’un mystérieux oiseau blanc qui. avec lui, apporterait paix et fraternité.
C’est ainsi que naît le culte de L’Oiseau Blanc de la Fraternité, dont les membres, que les Pères Gris de l’Église considèrent comme hérétiques, sont traqués par les Faucons et leurs espions, les Corbeaux. Une dangereuse route vers le sanctuaire de Corlay, en Bretagne, attend pourtant Thomas, jeune membre de la Fraternité. Sa mission : y acheminer le Testament de Morfedd, personnalité clef du culte. Pour l’aider, une jeune fille, Jane, dotée de prémonitions, et… un homme plongé dans le coma un millénaire plus tôt.
Fils d’un célèbre critique anglais, Richard Cowper - de son vrai nom John Middleton Murry Jr. - a publié une quinzaine de romans et bon nombre de nouvelles.
Dans ce grand cycle - son chef d’œuvre - mêlant les genres avec une habileté inouïe, l’auteur interroge nos peurs éternelles, et apporte un peu de lumière et de poésie au destin toujours troublé de l’humanité.

Critique

Par K, le 10/01/2023

Après la parution du Crépuscule de Briareus en 2021, les éditions Argyll poursuivent leur travail de réédition des œuvres de Richard Cowper. Cowper n’est autre qu’un pseudonyme, celui de John Middleton Murry Jr., auteur britannique des années 1970 ayant baigné dès son enfance dans les milieux littéraires anglo-saxons. Outre une écriture ciselée, parfois poétique ses écrits y ont gagné   un certain conservatisme transparaissant dans ses ouvrages. Le livre nous intéressant ici, L’oiseau blanc de la fraternité, est l’intégrale d’un cycle paru autrefois aux éditions Denoël et dont la traduction de Claude Saunier a été révisée par Pierre-Paul Durastanti. Il s’agit de son œuvre la plus connue du grand public, alliant science-fiction et fantasy.
Cet épais ouvrage de 631 pages commence par une nouvelle, servant de prologue, « le chant aux portes de l’aurore » dont le titre originel « The Piper at the Gates of Dawn » n’est pas sans rappeler un chapitre du Vent dans les saules de Kenneth Grahame. Cette nouvelle nous plonge en l’an 3000 dans un univers post-apocalyptique où le réchauffement climatique et la montée fulgurante des eaux ont provoqué un effondrement de la civilisation, réduisant les îles britanniques -qui ne portèrent jamais si bien leur nom-, à un chapelet de petits royaumes insulaires. Nous découvrons rapidement que l’Eglise catholique occupe une position prépondérante dans un monde où la science est jugée responsable du cataclysme. Ce court récit introductif d’une soixantaine de pages, proche d’un conte médiéval, suit les pas d’un duo composé d’un jeune joueur de pipeau, Tom, disciple du magicien Morfedd de Bowness et de son oncle le vieux Peter de Hereford, un conteur surnommé « langue d’or ». Cette histoire a pour cadre une ambiance millénariste où des prophéties -suspectes aux yeux du clergé - annoncent l’arrivée prochaine de l’oiseau blanc sensé ouvrir les portes de l’aurore et mener l’humanité vers une ère de paix et de prospérité. Sans en dévoiler la trame, prenant parfois à contrepied le lecteur, disons que les convictions religieuses de l’auteur, élevé dans une famille croyante, ont eu une influence forte sur son œuvre.
L’intégrale se poursuit après cela avec le premier roman de la trilogie, La route de Corlay. 18 années se sont déroulées après les événements d’York, clôturant « le chant aux portes de l’aurore » et ayant entraîné des bouleversements profonds pouvant remettre en cause l’équilibre de la société. Bien que nous y retrouvons certaines figures du prologue, ce récit de 151 pages suit les traces de nouveaux protagonistes qui constituent, par leurs motivations, leurs ambivalences, leurs réflexions, leur humanité, un des points forts de l’ouvrage. Cowper s’intéresse ici aux questions d’hérésies et de dogme, de croyance et d’Église, de révélation et de tradition, dans un contexte de propagation d’une religion nouvelle. Il s’agit, de tous les romans du cycle, de celui où l’aspect science-fiction est le plus présent, alternant entre des chapitres ayant pour cadre la fin du XXeme siècle, juste avant le cataclysme, et d’autres, plus nombreux, l’an 3018.
Le deuxième roman, La moisson de Corlay, débute en 3019, quelque temps après les événements du précédent. S’il est difficile d’en dire beaucoup sans trop en dévoiler sur l’intrigue des récits l’ayant précédé, disons simplement que la temporalité y est différente puisqu’il s’étend sur une vingtaine d’années. L’auteur divise ici ce récit de 230 pages en trois partie, la première aborde les tentatives de l’Eglise d’éliminer l’hérésie, la deuxième la montée en puissance de cette dernière tandis que la troisième suit les pas d’un nouveau joueur de pipeau sur lequel reposent de nombreuses attentes, Thomas de Tallon, découvrant et apprivoisant son talent. Cowper s’intéresse ici à l’essor d’une religion, aux contradictions auxquelles doit faire face la foi en s’organisant, le tout en dépeignant une galerie de personnages réalistes et réussis, parfois plus intéressants qu’il n’y paraît au premier contact.
Le troisième et dernier roman, Le testament de Corlay, commence par suivre les pérégrinations de Thomas et de sa compagne, Charmeuse, sur les routes de France. Cette première partie de 112 pages apporte une conclusion mélancolique aux premiers temps de la fraternité de l’oiseau blanc, semblant clore l’époque ouvert par un autre joueur de pipeau, allant sur les routes lui aussi, 40 ans auparavant. 
La fin du cycle se déroule toutefois en 3799, plusieurs siècles plus tard, à travers le journal de Robert James Cartwight, érudit d’Oxford, docteur en philosophie, narrant la découverte et l’édition d’écrits apocryphes en 58 pages. Ce dernier récit peut paradoxalement servir de fil rouge à la lecture du cycle, comparable en cela aux chapitres de l’historien dans le grand œuvre de Mary Gentle, Le livre de Cendres.
Robert Cartwight permet ainsi à Richard Cowper de conclure ses réflexions sur la religion et l’humanité, clôturant par cet artifice littéraire une œuvre originale, un classique à redécouvrir.

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