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D' Or et d'oreillers

ISBN : 978-221131023-9
Catégorie : Jeunesse
Auteur/Autrice : Flore Vesco (Proposer une Biographie)

Prix Elbakin.net 2021 - Meilleur roman fantasy jeunesse

C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de Lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa  future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Pour l’heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication. Mais voici que Lord Handerson propose à Sadima de passer l’épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n’a pourtant rien d’une princesse au petit pois ! Et c’est tant mieux, car nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit…

Critique

Par Aerendhyl, le 13/03/2022

Dans le paysage des littératures de l’Imaginaire – et notamment dans l’horizon Jeunesse – Flore Vesco n’est plus vraiment à présenter. Auréolée de plusieurs titres pour sa réinterprétation d’un conte en 2019 avec L’Estrange malaventure de Mirella - que votre chroniqueur avait adoré et dévoré – l’autrice est revenue l’an dernier avec un nouveau roman, publié chez l’Ecole des Loisirs, au nom rêveur et à la couverture féérique.
L’intrigue prend, pour point de départ, le conte de « La princesse au petit pois », presque mot pour mot. Ici, Lord Handerson souhaite trouver sa future princesse et invite ses prétendantes à venir passer une nuit chez lui pour déterminer qui sera la plus à même d’être une « vraie » princesse à ses yeux.Un soir d’orage, une milady débarque avec ses trois filles pour les soumettre à l’épreuve – contestable au niveau morale – ainsi que sa servante. L’épreuve ? Passer la nuit dans une chambre, perchée sur vingt matelas. Mot pour mot, à deux détails près, on vous avait prévenu !
Mais alors, en quoi Flore Vesco parvient-elle à rendre ce roman si prenant et surtout si marquant ?
La première réponse vient – une fois de plus – de sa plume. Une plume à la délicatesse et à l’originalité indéniable. L’autrice se joue des mots, avec nous et pour nous. D’un roman destiné à la Jeunesse mais dont les thèmes – nous y reviendrons plus tard – peuvent heurter certaines sensibilités, Flore Vesco arrive – grâce à son talent – à rendre le tout d’une « certaine douceur », d’une « certaine lisseur » qui lui permet de rendre l’ensemble cohérent et à destination de chacun. Parce qu’elle sait trouver le bon mot, la bonne tournure, le bon jeu de mot, elle excelle à aborder certaines situations là où d’autres n’auraient eu que l’indélicatesse d’y aller de front. C’est un véritable talent de sa part car, à la sortie de la lecture, il y a le sentiment que ce roman est d’utilité publique, qu’il faut absolument que tous les jeunes garçons et les jeunes filles le lisent.
En prenant le conte au pied de la lettre, à coup de stéréotypes et de personnages caricaturaux, nous aurions pu penser que rien ne se dégagerait de ce roman, tant sur l’intrigue, que sur les personnages. Finalement, c’est pour mieux nous tromper tout au long de notre lecture.
Oui, le conte est classique. Oui, nous nous retrouvons avec un lord-prince charmant qui paraît imbu de lui-même, de jeunes « princesses » en devenir à la limite de l’arrogance, sûres d’elles et de leur rang, avec une servante qui se contente de rester à sa place, rêvant d’une vie qui lui semble inaccessible.Puis, au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, nous nous rendons compte que ce tableau si banal n’était dépeint que pour mieux nous tromper. Il se n’agissait finalement que d’une esquisse permettant ainsi de faire passer d’autres messages.
Il y ait autant question de la place de la femme dans la société, que de la place d’une personne selon son rang social. Flore Vesco amène chacune et chacune à s’interroger sur sa capacité à rêver et se sortir des carcans malgré toutes les difficultés que l’on peut rencontrer, sur l’importance d’être soi-même et de rester fidèle à ses valeurs envers et contre tous.
Puis, il faut aussi le dire, l’autrice n’hésite pas à aborder la question du désir. Les quelques scènes l’évoquant sont toutes abordées avec justesse, sans aucune précipitation et surtout avec les bons mots. Il n’y a rien de racoleur à cette lecture, rien de très explicite. Les mots choisis ont une importance primordiale ici et cela révèle encore plus le talent de l’autrice de ce maniement. Flore Vesco écrit à ce sujet telle une funambule afin de captiver son jeune lectorat et lui faire comprendre que le désir ne s’impose pas, qu’il se doit d’être mutuel et permettre à chacun de s’épanouir – peu importe les conventions sociales (ici en lien avec l’idéal « chevaleresque » de l’homme supposé supérieur à la femme). Elle offre une porte d’entrée sans aucune brusquerie vers ce monde-là, bien souvent difficile à appréhender et trop souvent brutal dans notre société actuelle avec le développement et l’accès aux nouvelles technologies.
Réécrire un mythe, réécrie un conte est toujours un exercice délicat auquel il est toujours difficile de se confronter. Ici, Flore Vesco nous démontre tout son talent, destinant son roman à tout âge.
D’or et d’Oreillers se révèle donc brillant et enchanteur !

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