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Les Utopiales 2010 : l’imagination a-t-elle des limites ?

Par Gillossen, le mardi 30 novembre 2010 à 10:00:39

L'afficheNouveau compte-rendu des Utopiales qui se sont tenues ce mois-ci à Nantes !
Cette fois-ci, le débat auquel nous avons assisté il y a 15 jours avait pour thème L’imagination a-t-elle des limites ? et comptait comme intervenants Xavier Mauméjean, Gérard Klein, Thierry Di Rollo, et Vincent Gessler. Remercions au passage bien entendu notre camarade Oceliwin pour sa prise de notes.
Bonne lecture !

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Le compte-rendu

Peut-on créer quelque chose épuré du monde réel ?

Le monde réel est une limite en soi. Les peintres peuvent créer des monstres chimériques selon Descartes, ce qui revient à créer à partir du réel de nouvelles créatures, par des processus de découpage, collage, etc…
L’imagination fonctionne par association, consciente et délibérée, elle utilise des matériaux « associatifs » et s’enrichit avec la science, ce qui induit que l’imagination s’enrichit au fil du temps.

L’imagination est une faculté de l’esprit se décomposant en deux fonctions :

  • Mimétique, commune à tous.
  • Créatrice : combinaison d’images prélevée dans la première fonction.

Au 19ème siècle, on vulgarise la notion d’infini, la 4ème dimension, la théorie des ensembles, objet d’inquiétude. Aujourd’hui, notre perception est différente, l’inquiétude s’est dissipée avec l’acquisition de nouvelles connaissances.

De l’imagination, on apprend et on la réutilise, ce qui inclus un concept d’objectivisation de l’imagination. En prenant l’exemple de la licorne, créature légendaire, selon les époques et les personnes, sa représentation diffère. Et certaines représentations se sont vues considérés absurdes selon les critères utilisées à l’époque.
L’imagination crée donc une culture de l’imaginaire nécessaire pour la comprendre, et demande tout simplement de la culture pour l’enrichir.
En fantasy, on s’oriente vers une culture essentiellement historique, la Science-Fiction s’enrichit de sources sans limite apparente : scientifiques, historiques, etc…

« Ayez de l’imagination ! »

L’imagination passe par une phase d’apprentissage : apprendre à utiliser le réel pour créer à partir de nouvelles combinaisons. L’imagination en tant que faculté est très limitée. Reprenons l’exemple fournis par Xavier Mauméjean :

a. Imaginez un triangle
b. Imaginez un rectangle
c. Imaginez un pentagone
d. Un hexagone

Dans le premier cas, aucun souci, et au fur et à mesure la tâche se complique.

« Ayez de l’imagination » est une consigne paradoxale, ce n’est pas une chose instantanée, mais un apprentissage.

L’imagination est un fantasme du réel.
L’imagination se limite aux propres sens de sa source (auteur, peintre, etc ;..). Elle peut se voir comme une fenêtre ouverte sur ses sens, une capacité à concevoir des images à partir de la réalité. Elle se limite aux capacités de perception et de communication de l’individu. Etre écrivain, c’est savoir recombiner les éléments du réel.
L’imagination est une compétence qui induit un système imaginaire s’inscrivant dans une culture, des références, des œuvres qui constituent ses limites. On en revient à l’apprentissage.

La Science-Fiction propose de mettre à l’épreuve ces limites, en affectant, en transgressant ces limites. Comme une réaction enfantine, devant un interdit, elle tente de le transgresser, de tester ces limites.
L’imagination ne s’oppose donc pas à la réalité mais c’est une manière de faire avec, de s’en emparer. Elle permet d’être humain dans la confrontation à la réalité. Il y a une relation continue de l’imagination au réel. Le réel n’est pas le vrai.
Selon Descartes, l’imaginaire est un code, donc une forme de représentation du réel. On utilise en fait un code pour faire comprendre aux autres, nécessitant de passer par des éléments communs aux individus connus dans le réel.

Le cas Lovecraft

H.P. Lovecraft décrit des horreurs non-euclidiennes par la seule description des monstres par leurs noms. Il utilise l’incompréhensible, qui ne se constitue pas par chimérisation. Il ne décrit jamais le monde.
Il utilise une chimère d’adjectifs. Il utilise la suggestion.

Les rêves peuvent être constitués de choses irréelles, il est impossible de saisir le contenu du rêve au réveil : de le décrire à d’autres avec détails. Il nous reste uniquement les contours flous du songe. Il est impossible d’isoler les éléments, l’esprit est incapable de le décrire.
On retrouve cela dans l’œuvre de Lovecraft.

Pour s’affranchir du réel, il faut dépasser l’entendement, mais l’esprit n’arrive pas à la capturer.
Lovecraft se retrouve confronter à l’innommable, à l’impossibilité de décrire à d’autres ce qu'il imagine à l'aide des éléments du réel. L’imagination se limite à l’impossibilité de communiquer sur les éléments sans nom, sans représentation dans le réel.

Conclusion

L’imagination se travaille et n’est pas innée, elle évolue selon les époques avec les connaissances acquises, et permet de retranscrire le réel selon un code différent. Elle se limite donc à notre culture, nos acquis, mais aussi notre inconscient, ou à Dieu.
Communiquer autour de l’imaginaire nécessite de disposer de canaux de communication déjà existant entre deux individus, l’imaginaire doit donc se transposer à la réalité, par assemblage d’éléments réels, on parle de chimérisation.
L’imagination est donc limité à des frontières très diverses, frontières que l’on repousse continuellement.


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