Indéniablement, il faut saluer l'audace d'une bande dessinée se passant de tout dialogue.
Vous trouverez bien quelques bulles de temps en temps, mais les glyphes qui les composent sont tout bonnement illisibles. Les auteurs s'en remettent donc entièrement à leur science du découpage et de la narration... de même qu'à la bonne compréhension des lecteurs. On devait déjà à Si Spurrier (un vétéran britannique du petit monde du comics par ailleurs) et Matias Bergara le très bon Coda, mais Saison de Sang (Step by Bloody Step en VO, un titre qui semble plus adapté après lecture) chercher à aller encore plus loin. Vous tomberez seulement sur quatre pages de texte en tout et pour tout, au fil des quatre saisons.
En mettant de côté les dialogues, les évidences, les auteurs laissent aussi la porte ouverte à moult interprétations ; sans doute trop, au fur et à mesure que l'on avance dans le récit dans les pas de notre héroïne qui grandit face à la cruauté toujours palpable, pour ne pas dire renouvelée, du monde qui l'entoure et qu'elle découvre avec des yeux bien vite privés de la moindre lueur d'innocence.
Les émotions ont beau être, par nature, universelles, elles ne peuvent incarner la clé de tout, à l'image d'une fin que, pour le coup, on subodore presque dès le début, puisque les saisons reviennent, là aussi, encore et toujours, immuables.
Si la puissance de certaines planches nous frappent au cœur, et se passe fort bien de tout mot, voire de tout cri (de rage, de peur, etc...), cette lecture me laisse finalement plus perplexe que réellement marqué, ou, pourquoi pas, éprouvé.