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Un entretien avec les éditions Oneiroi

Par John Doe, le jeudi 31 août 2017 à 17:42:13

oneiroiNous avions évoqué en fin 2016 le fait qu'un nouvel éditeur, les éditions Oneiroi, allait prochainement être créé.
Quelques temps après la fin du dernier festival des Imaginales, son éditrice, Camille Ragot, nous faisait le plaisir de répondre à quelques questions sur son parcours, ses projets et ses goûts personnels en matière de lecture.

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L'interview

Pour commencer, pourriez-vous nous présenter un peu votre parcours ?

J’ai eu un parcours universitaire assez alambiqué. J’ai commencé par passer une licence de droit à Brest pour finalement me réorienter vers un cursus d’Arts Plastiques à Rennes. Au cours de la première année de cette deuxième licence, j’ai découvert le métier d’éditeur et mon destin par la même occasion. C’est pourquoi j’ai raccroché une formation en Lettres Modernes à mon cursus artistique. J’ai ensuite naturellement intégré un master professionnel Métiers du livre et de l’édition à Strasbourg.
Au cours de mon master, j’ai eu l’occasion de réaliser deux stages : le premier, en 2015, dans une maison d’édition, La Gidouille, me permettant de découvrir le quotidien d’un éditeur indépendant où l’on est seul pour remplir toutes les fonctions. Le second, en 2016, à la mairie d’Epinal dans les Vosges où j’ai intégré l’équipe du festival des Imaginales. J’étais en charge de la gestion des nouveaux pôles dédiés aux sciences et à l’histoire (entre autres tâches).
Ces deux expériences ont été très riches et ont clairement renforcé mon projet de création de maison d’édition spécialisée dans l’imaginaire.

Comment décide-t-on de se lancer dans une aventure comme la création d’une maison d’édition ? On imagine bien que c’est très compliqué !

C’est avant tout une histoire de passion. L’édition n’est pas le secteur économique le plus lucratif – il faut bien l’admettre – mais il est l’affaire de passionnés, que ce soit les auteurs, les éditeurs, les libraires ou les lecteurs. Ma passion est celle du livre, à la fois en tant que contenu (le texte) et en tant que contenant (l’objet). J’aime l’idée de faire correspondre les deux, de communiquer avec le lecteur à la fois par le texte et par l’image, les textures, etc. Ensuite, la création d’une entreprise est aussi une question de liberté. Liberté de choix éditoriaux, liberté d’organisation, liberté de gestion. Quand on se lance dans l’aventure, il faut être conscient des risques (sans se laisser diriger par eux) et savoir clairement ce qu’on est prêt à perdre en cas d’échec. Il faut également être clair avec soi-même : est-on fait pour être entrepreneur ? Quelles sont nos compétences, nos forces, nos faiblesses ? Créer une entreprise, quelle qu’elle soit, n’est pas simplement un travail administratif et technique, c’est aussi un travail sur soi.
Alors pour répondre à la question, se décider c’est une chose, se tenir à son projet en est une autre. Il faut affronter un problème à la fois pour éviter de se démoraliser, ne surtout pas rester isolé. De la persévérance et de la patience ! Il n’y a pas de secret, c’est un investissement personnel et du temps. Lorsque la motivation retombe, je pense à l’objectif d’Oneiroi : faire rêver les lecteurs et partager des univers, au delà du livre, et à toutes les idées que j’ai pour remplir cette mission. 
Oui, c’est compliqué mais c’est aussi très stimulant !

Il y a quelques mois, vous lanciez un appel à manuscrits. Où en êtes-vous aujourd’hui de la construction de votre projet ?

Le projet avance doucement mais sûrement, sans précipitation. La ligne éditoriale d’Oneiroi s’affine avec la priorité mise sur les textes de steampunk (romans et nouvelles) et sur le polar d’imaginaire (tous genres confondus). La fantasy est passée au troisième plan de la ligne et fera l’objet d’une sélection plus rude en raison du nombre de manuscrits reçus pour ce genre. D’ailleurs, pour les auteurs qui ont répondu à l’appel mais n’ont pas encore reçu de réponse, pas d’inquiétude, je répondrai dès que nous les aurons traités ; nous avons reçu beaucoup de textes en même temps, mais ne pouvons les lire que les uns après les autres. A propos des manuscrits justement, ils font l’objet d’une première lecture rapide de ma part. S’ils retiennent mon attention, ils sont transmis au comité de lecture d’Oneiroi composé d’une dizaine de membres qui me font un retour détaillé. Ces membres, d’horizons variés, seront présentés plus tard sur notre page Facebook.
Par ailleurs, je travaille à donner à Oneiroi une identité bien spécifique et différente des autres maisons d’édition. L’objectif est d’immerger les lecteurs dans les univers proposés au catalogue, au delà du livre. Pour cela, j’ai plusieurs idées qui nécessitent la mise en place de partenariats avec des artisans par exemple, la création de décor, la recherche d’un imprimeur pouvant répondre à mes demandes techniques, etc. J’ai quelques surprises en réserve qui, j’espère, vous plairont !
Et puis, il y a les aspects propres à l’entrepreneuriat comme l’établissement du business plan et du prévisionnel financier, le choix du statut juridique, la protection de la marque, la réservation des noms de domaine, la gestion des réseaux sociaux... Un envers du décor moins attractif mais néanmoins indispensable.
Evidemment, il faut concilier tout cela avec sa vie personnelle, très chargée pour moi en ce moment !

Quelles sont vos envies en tant qu’éditrice ?

Premièrement, je souhaite faire de beaux livres. Les trois collections de la maison auront chacune un graphisme marqué, facilement identifiable et propre à leurs univers respectifs. Je tiens à créer des objets faits pour durer (choix de la reliure, des encres...), agréables pour l’œil du lecteur (type de papier, typographie...) et esthétiques (travail avec des illustrateurs et des graphistes, choix des matériaux...). Je suis également très rigoureuse sur la finition éditoriale, notamment la chasse aux fautes d’orthographe et aux coquilles. Je ne vais pas entrer dans le détail avec le jargon des éditeurs mais les règles d’orthotypographie seront respectées au maximum dans les ouvrages que je publierai.
Ensuite, je l’ai déjà mentionné plus haut, je souhaite immerger le public d’Oneiroi dans nos univers grâce à un site ergonomique et à l’identité fortement marquée imaginaire, grâce à un stand-décor pour les salons et festivals et grâce à l’organisation d’évènements à thème (je n’en dirais pas plus pour le moment). Cette envie me vient de mon goût pour le jeu de rôle grandeur nature (GN). Bien que je ne sois pas joueuse moi-même, ce loisir me fascine ! En plus, il exacerbe mon goût pour le costume, qu’il soit médiéval-fantastique, steampunk ou encore pirate !

Et vos goûts, votre parcours, en tant que lectrice cette fois ?

Petite, je n’aimais pas lire, au grand désespoir de ma mère institutrice. Par contre, j’aimais les histoires de princes et de princesses, de dragons, de magie ! J’ai découvert que je pouvais aimer les livres à la lecture d’un extrait de Dix petits nègres d’Agatha Christie. Je me suis alors mise à dévorer toute sa bibliographie et suis devenue une grande fan d’Hercule Poirot.
Mais le déclic, je l’ai vraiment eu à la lecture d’Harry Potter et au visionnage du Seigneur des Anneaux. Là j’ai découvert qu’il existait un genre littéraire adapté à mes goûts et depuis ma bibliothèque s’est bien remplie ! Pour citer quelques auteurs, j’ai beaucoup aimé la trilogie du Pacte des Marche-Ombres de Pierre Bottero et La Croisée des mondes de Philip Pullman en jeunesse. Autrement, je suis une grande admiratrice de l’œuvre de Robin Hobb et j’ai découvert plus récemment l’excellente plume de Jean-Philippe Jaworski. De manière générale, je préfère les histoires où la magie n’est pas trop présente ou ne pèse pas trop sur l’intrigue.
Un décor bien planté, une intrigue bien ficelée et des personnages crédibles, voilà ce que j’aime. ^^

Alors que le paysage éditorial 2017 s’avère toujours aussi varié et dense, comment le voyez-vous, vous ?

J’admire le travail de mes futurs collègues, éditeurs de l’imaginaire qui tendent toujours à renouveler leur offre éditoriale et je salue l’initiative de Jérôme Vincent – Les Etats généraux de l’imaginaire – pour défendre la place des littératures de l’imaginaire dans le paysage éditorial général francophone.
J’ai l’impression que la fantasy est en perte de vitesse au profit de la science-fiction qui regagne du terrain dans les rayonnages et les catalogues. Et bientôt le steampunk viendra faire son nid sur les tables des libraires, bien sûr !

Oneiroi, pourquoi ce nom, et d’où vient-il ?

Je suis passionnée par la civilisation et la mythologie gréco-romaine. Oneiroi (prononcez Oniri) est un mot grec qui désigne les dieux des songes, du sommeil et des rêves dont font partie Morphée, Phantasmos et Iscélos. Pour moi, Oneiroi est un tout qui renvoie au rêve, au fantasme et à l’imaginaire, mais fait d’une multitude de dieux chacun spécialisé dans un domaine de l’esprit.
D’où le slogan de la maison : à chacun son imaginaire !

Les Imaginales 2017 viennent de se terminer. Peut-on espérer vous y croiser l’année prochaine avec Oneiroi justement ?

J’espère ! Cela va dépendre de la vitesse d’avancée du projet et surtout des manuscrits que je reçois. Chaque livre publié chez Oneiroi devra correspondre à l’identité et à l’image de la maison. Si je ne suis pas totalement convaincue par un texte, il ne sera pas publié mais tous ceux qui seront retenus seront défendus corps et âme !
Dans tous les cas, vous m’y croiserez très certainement !


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