Tower Dungeon, tome 1

Tome 1 du cycle : Tower Dungeon
ISBN : 978-234406796-3
Catégorie : Manga
Auteur/Autrice : Nihei, Tsutomu

Citadelle suspendue attend fermier taciturne…
Un nécromancien maléfique a tué le roi et emporté la princesse dans la titanesque “tour des dragons” ! La garde royale se lance à son secours mais est mise en déroute par les redoutables monstres qui infestent le bâtiment. Les habitants des villages alentour sont alors mobilisés. L’un d’eux est un jeune homme à la force prodigieuse : Yuva, le héros de cette histoire.

Critique

Par Gillossen, le 13/05/2025

Bien connu pour ses architectures vertigineuses et ses récits cryptiques baignant dans la science-fiction post-apocalyptique (La référence Blame!, Biomega…), Tsutomu Nihei s’aventure cette fois sur un terrain inattendu : la dark fantasy. Tower Dungeon délaisse les dédales obscurs et futuristes pour une tour aux innombrables niveaux, peuplée de chevaliers, de nécromanciens et de créatures grotesques. Sur le papier, le programme a de quoi séduire. Mais à la lecture, ce premier tome laisse une impression plus mitigée.
L’intrigue s’ouvre sur un postulat classique : un royaume en péril, une princesse kidnappée et enfermée dans une tour, et des paysans enrôlés de force pour aller la secourir. Parmi eux, Yuva, un jeune garçon à la force hors du commun, va se retrouver propulsé au cœur de cette mission-suicide. Si l’on retrouve les silences caractéristiques de Nihei (encore que, ce début de saga soit bien plus bavard que d’ordinaire chez lui !) et son goût pour les ambiances lourdes, force est de constater que le souffle épique peine à s’imposer dans les premières pages. L’introduction paraît précipitée, les enjeux peu incarnés, et le ton oscille sans grande conviction entre ironie à l’égard des codes du genre et premier degré.
Heureusement, le récit s’améliore en deuxième moitié. Les affrontements gagnent en intensité, les décors prennent de l’ampleur, et l’univers dévoile peu à peu ses aspérités, avec quelques coups de théâtre en devenir. On retrouve un auteur plus inspiré, même si tout est encore à faire, notamment du côté des personnages, qui pour le moment n’ont rien de bien marquants ou attachants.
Côté dessin, si les designs de monstres sont toujours aussi réussis, les amateurs de perspectives démesurées ou d’atmosphères véritablement oppressantes risquent de rester sur leur faim. La tour semble encore bien timide face aux mégastructures cauchemardesques qui ont fait la renommée de Nihei. De même, le traitement de la noirceur reste relativement convenu : on a beau nous promettre de “l’héroïc fantasy pure et dure”, et même si ce premier tome se veut sans doute plus heroïc justement que dark, on ne sait pas encore vraiment sur quel pied danser.
Reste un tome d’introduction honnête, qui trouve progressivement son rythme, mais qui ne marque pas encore une rupture franche avec les codes du genre. Un début en demi-teinte, que l’on espère voir évoluer dans une direction plus ambitieuse, si Nihei décide de pousser les curseurs dans les prochains tomes.

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