Série de commande publiée dans un magazine japonais appartenant à Square-Enix, le géant du jeu vidéo mais pas seulement, Übel Blatt joue la carte d'une fantasy sombre, qui se veut plus adulte que la moyenne.
Avec un premier volume estampillé "0", on se retrouve tout de même assez circonspect. Si le titre possède des qualités indéniables - un graphisme travaillé (bien qu'un peu trop lisse parfois), un univers élaboré, un scénario plus surprenant qu'il n'y paraît, surtout dans son dernier tiers, des personnages relativement bien étudiés dès le premier tome - il affiche également quelques lacunes parfois grossières.
Revers de la médaille par exemple, à trop vouloir en faire, le titre pêche par quelques excès. La complexification forcenée des termes ou des noms de personnages donne ainsi l'impression d'un cachet artificiel. De même que le cadre de ce prologue, qui, s'il pose bien les différents éléments à mettre en place, manque d'un soupçon d'ampleur et de fraîcheur, la faute à l'emploi de quelques clichés du genre, peut-être.
Ajoutons à cela un traitement de la gent féminine qui s'illustre volontiers dans l'exposition gratuite... Mais, après tout, cela correspond à la cible du magazine concerné par la prépublication. La Dark Fantasy en manga va cela dit souvent de pair avec ce type de procédé pour public, relativement, averti. Il en va de même avec la figure du héros tourmenté loin de disposer de pouvoirs incommensurables lui permettant de franchir toutes les étapes, mais néanmoins destiné à accomplir de grandes choses, évidemment.
Quoi qu'il en soit, cela ne change rien à la valeur du titre sur le fond, qui paraît à tout le moins prometteur, et apte à étoffer quelque peu l'offre assez chiche dans ce domaine, pour ce qui est des parutions en France.
Si vous êtes à la rechercher d'un nouveau titre, dans une veinte encore différente de celle de Berserk ou Claymore, laissez-lui donc sa chance... D'autant que le prochain volume arrive dans moins d'un mois à présent, et qu'après être parvenu au tome 2, on appréciera que certains côtés se soient atténués, laissant place à un scénario plus étoffé. Même les combats et leur importance semblent s'atténuer un peu.
— Gillossen
