Le Cri Soleil

Le Cri Soleil est un one-shot d’un peu moins de 300 pages, qui trouve la source de son inspiration dans l’histoire d’Akhénaton (le pharaon, pas le rappeur antivax). Pour autant, le récit ne se déroule pas en Égypte durant l’Antiquité, mais sur ce qui ressemble fort au continent européen, en une version postapocalyptique.
Ici, les foyers de population humaine se regroupent sous de vastes cloches pour survivre au froid glaciaire qui s’est emparé du monde. La technologie d’un peuple qui paraît presque mythique permet aux diverses communautés de subsister, et chacune, sous sa cloche, a ses propres particularités, sa culture spécifique, ses usages. Par ailleurs, les naissances sont de moins en moins nombreuses, ce qui n’augure rien de bon pour la suite – et confère une valeur particulière au moindre enfant, et à toute grossesse potentielle.
Les chapitres se divisent tous en trois courtes parties, chacune consacrée à l’un des personnages principaux : la jeune Odanaï, le postier Nour et Phare, le Cri Soleil en pleine crise existentielle. De fait, on ne perd jamais le fil de leurs récits respectifs, ce qui peut parfois arriver dans les récits à plusieurs voix. 
La première chose qui ressort de ce roman, c’est que Siècle Vaëlban nous offre une proposition originale. L’univers qui se dévoile ici prend toute sa saveur dans les « petits » détails qui font la spécificité de chaque cloche. Chacune est un univers à elle seule. Nos trois protagonistes, aux parcours bien différents, permettent d’ailleurs d’appréhender cette diversité. Odanaï nous éclairera sur la vie d’une jeune fille au sein d’une cloche, Nour sur les liens qui se tissent à travers son itinérance, mais aussi sur sa spiritualité, qui prend une part non négligeable ; et enfin, Phare ouvrira une fenêtre sur son rôle écrasant, déshumanisant, et pourtant indispensable à la survie des siens.
Tous trois vont devoir faire face à des choix déchirants, dans des circonstances bien différentes. Tous vont devoir s’adapter, avec les moyens du bord. C’est aussi là que l’on vibrera avec eux, face à ces événements qui les bousculent et les renversent, avec lesquels ils doivent pourtant trouver moyen de vivre, autrement. 
Le texte est prenant et l’on s’attache volontiers à ces trois héros tout en humanité. Les pages défilent vite, alors qu’on se laisse emporter par la plume de l’autrice. On en ressort encore curieux de ce monde singulier, sur lequel on pourrait très certainement conter d’autres histoires.
Alors, lecture recommandée ? Oui, et plutôt deux fois qu’une. Nul doute que le public déjà conquis par la plume de Siècle Vaëlban trouvera le texte à son goût. Quant à celles et ceux qui ne l’ont pas encore découverte, ce petit roman offre une occasion idéale de le faire.