Ah, Patrick Rothfuss...
Il lui aura suffi (façon de parler bien entendu...) de signer Le Nom du Vent pour marquer un nombre conséquent de lecteurs, surtout outre-Atlantique d'ailleurs. Sa suite se sera faite attendre, attendre encore, sans même parler de la traduction de la dite suite chez Bragelonne. Quant au découpage de la traduction en question en deux volumes à l'occasion de cette parution française, difficile de nier qu'il aura lui-même entraîné moult réactions, encore aujourd'hui.
Mais si l'on se concentrait sur le roman lui-même ? Ou plutôt, sur le demi-roman qui nous est proposé dans le cas présent. Car peu importe par quel bout on prend cette équation, peu importe l'endroit de la césure, nous n'avons pas une histoire complète à se mettre sous la dent. Les choses étant ce qu'elles sont, c'est au lecteur de composer avec ce constat.
Nous retrouvons Kvothe là où nous l'avions laissé et celui-ci reprend son récit sans attendre... Et la magie opère toujours. Rothfuss possède décidément un vrai talent de conteur. Quelques pages suffisent pour replonger dans cette atmosphère toute particulière, naviguant entre souvenirs et considérations sur la vie jamais redondantes. Il n'en va pas forcément de même des anecdotes de Kvothe concernant sa vie d'étudiant, du moins si notre jugement s'arrête à la première moitié du roman.
Mais il faut dire que les sujets abordés par l'auteur ou son personnage principal n'ont jamais été particulièrement originaux, par eux-mêmes. Le traitement choisi par Rothfuss l'est-il vraiment davantage ? Pas forcément. Mais sa voix porte.
Si les plus impatients auront de quoi satisfaire leurs appétits, il s'avère difficile d'apporter un avis définitif quant à la valeur de cette suite tant attendue, dans le prolongement direct de son premier tome (logique, puisque le premier tome de l'auteur était déjà trop long pour ses éditeurs américains). Mais les forces et les faiblesses de l'écrivain n'ont pas évolué depuis et le charme opère toujours, pour peu que vous vous laissiez entraîner par Kvothe, quitte à vous perdre.
Avis aux amateurs !
— Gillossen