Patrick O’Leary n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler un auteur prolifique, et c’est assurément fort regrettable. Mais peut-être que c’est là aussi le prix à payer pour tomber sur des ouvrages comme Le Don.
Ne vous y trompez pas : au-delà du bref résumé proposé par l’éditeur, il est bien difficile de présenter Le Don comme une histoire classique. Loin de se limiter à un récit enchâssé, une histoire dans l’histoire dans l’histoire, le court roman de l’auteur s’emploie avant tout à remettre en perspective notre propre approche du conte, de ce que tout cela représente pour nous, symboliquement ou non, sans pour autant oublier sa propre histoire, celle que nous narre son Conteur.
Car Patrick O’Leary s’impose à l’évidence lui-même comme un maître conteur, tissant lentement une histoire complexe et souvent touchante, poétique, mais surtout toujours parfaitement maîtrisée, de bout en bout. Ses personnages bénéficient également d’une grande richesse, d’une profondeur à laquelle fait écho la qualité de cet univers original dont l’auteur cherche, et réussit, à conserver une bonne part de mystère.
Comment ne pas mentionner également tout le talent de plume de l’auteur, qui réussit là encore à ensorceler le lecteur, sur la seule base du style. Une image fulgurante, un temps mort, une respiration... O’Leary connaît toutes les ficelles de son art et on s’imagine très bien ce roman être lu (et relu, encore et encore...) à haute voix, précisément, devant un auditoire captivé.
Une vraie réussite, dont on ne peut que saluer l’arrivée en France, pour un ouvrage publié originellement en 1998 et nommé au World Fantasy Award cette même année. D’autant que l’illustration de couverture d’Alain Brion est superbe.
Il est toutefois regrettable, qu’une fois encore, le travail de Mnémos ne soit pas tout à fait aussi irréprochable sur le plan du texte, avec un « certain nombre » de fautes de frappe et autres coquilles en tous genres et une mise en page parfois étrange, notamment concernant les dialogues.
Pas de quoi réellement entacher le plaisir de lecture, heureusement ! Mais...
— Gillossen