Tybalt a écrit : mer. 31 janv. 2024 19:06
Bien sûr, mais la chronique
plus des avis de lecture de gens ici, ça fait encore plus d'informations
Et voilà un avis supplémentaire sur la biographie
Je ne connaissais presque rien de la vie de Pratchett (par exemple, même si je savais que ses romans étaient bien plus connus du grand public au Royaume-Uni qu'en France ou aux Etats-Unis, j'ignorais totalement que l'auteur était jusqu'au succès de Rowling LE plus gros vendeur de romans du pays). D'ailleurs, même si j'ai adoré toutes les Annales que j'ai lues, je n'ai même pas complété la série : je n'avais pas rattrapé mon retard lorsqu'il est mort et jamais réussi à m'y remettre après. Je n'ai pas lu
Lapsus Clavis non plus.
Bref, tout cela pour dire que je ne suis pas qualifiée pour savoir si c'est redondant ou non si on est déjà un tant soit peu informée sur le personnage.
Rob Wilkins indique dès le début qu'il utilise pour rédiger son texte des notes que Pratchett avait laissées en vue d'écrire lui-même son autobiographie : on entend donc souvent la voix de Pratchett, même si c'est Wilkins qui raconte. Mais il raconte tout de même de son point de vue de personne qui l'a fréquenté pendant presque quinze ans, et lu avec assiduité avant cela. Au-delà des informations et des anecdotes, au demeurant tout à fait intéressantes et souvent drôles, c'est surtout cette perspective que j'ai appréciée. On ressent toute l'affection et l'amitié que l'assistant a pour le romancier, toute l'admiration aussi, et la familiarité qu'il y avait entre eux, entre leurs centres d'intérêts très similaires qui les ont rapprochés dès le début et les longues journées (et des nuits) passées dans le même bureau à faire naître la magie du Disque-monde. Les derniers chapitres sont à ce titre très émouvants : Wilkins décrit la lente dégradation de la maladie, de l'annonce du diagnostic aux derniers jours, et les nouveaux combats de Pratchett pour le droit à mourir dans la dignité et la recherche sur Alzheimer, alors que l'assistant lui-même est bien plus longtemps dans le déni de la réalité. Mais comme j'imagine qu'on ne fréquente pas l'auteur du Disque-monde si longtemps sans que ça laisse de traces, le ton de Rob Wilkins est souvent assez proche de celui qu'adoptait Pratchett : après avoir été terriblement émue par le récit de la maladie et de la mort, je me suis retrouvée à sourire sans remords quelques pages plus loin en lisant les anecdotes sur l'enterrement et la suite.
Le texte n'est pas forcément humoristique en soi mais on y retrouve bien la patte de Pratchett. D'ailleurs, tout en exprimant son affection, Rob Wilkins ne passe pas sous silence les défauts de l'auteur et notamment son caractère bien trempé, comme son incapacité à remercier qui que ce soit ou sa manie de raccrocher au nez des gens qui lui donnent des conseils (pour les rappeler quelque temps plus tard en admettant que grmbmlr d'accord peut-être qu'ils avaient raison finalement). Mais on voit aussi que ce même caractère l'a bien servi pour défendre les causes qui lui tenaient à cœur.
En somme, cette biographie officielle ne se veut en aucun cas objective, mais ce n'est pas pour autant une bête hagiographie : plutôt un récit malicieux et amical de la vie de Terry Pratchett par quelqu'un qui l'aimait beaucoup et a envie de nous parler de lui comme il souhaite s'en souvenir.
J'ai ressorti de ma bibliothèque mes vieilles Annales, soufflé un coup dessus pour en retirer la poussière et je me suis plongée dedans avec régal.