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Teliam Vore

ISBN : 978-275640478-3
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Raphaël Lafarge (Proposer une Biographie)
Auteur/Autrice : Vincent Mondiot (Proposer une Biographie)

À Mirinèce, la ville où la pluie ne cesse jamais, la jeune mercenaire Elsy loue ses services au plus offrant. Quand le gouvernement des Primats l’envoie surveiller les agissements d’une secte de fanatiques religieux en compagnie de son placide acolyte Basilien, elle s’attend à une banale mission de routine… Mais, au cours d’une cérémonie rituelle, un monstre colossal, fait de chair et d’acier, apparaît, massacrant tout sur son passage.
De retour de Mirinèce, la jeune femme apprend que la capitale a également été attaquée par de mystérieux ectoplasmes, que la population ne tarde pas à surnommer les Blasphèmes. Elsy et Basilien se retrouvent alors plongés dans un véritable enfer, et doivent tout faire pour découvrir l’origine des créatures. À la tête de l’armée monstrueuse se trouve Teliam Vore, héros légendaire de la guerre de Loffrieu qui faillit détruire toute civilisation trente ans plus tôt. Ce dernier semble revenu pour demander des comptes à ses anciens alliés, ceux avec qui il avait rêvé d’un monde meilleur…

Critique

Par Gillossen, le 12/04/2011

Deuxième ouvrage signé d’un auteur français (ou plutôt deux, dans le cas présent) après Le Manuscrit de Grenade depuis l’arrivée de Célia Chazel chez Pygmalion pour développer ce genre de parutions, Teliam Vore a beau constituer un premier roman, son univers n’est pas forcément inconnu de tous.
En effet, les deux auteurs, ainsi que leur complice Matthieu Leveder aux dessins, sont à l’origine des Chimères de Mirinar, un projet présenté et diffusé en ligne depuis quelques années déjà, mais pas seulement. Les auteurs ont notamment “écumé” les festivals et vendu pour l’anecdote plusieurs exemplaires de la version auto-éditée de leur roman à quelques elbakiniens lors de la dernière convention SF/Fantasy de Grenoble en août dernier !
Au départ de tout cela, une chose que le roman retranscrit avec une certaine réussite, il y a de toute évidence l’envie de proposer autre chose au lecteur qu’un banal monde médiéval-fantastique de plus. Sans vouloir révolutionner la fantasy, les auteurs semblent nourrir une réelle ambition, une envie de bousculer les partis pris les plus classiques du tout-venant de la fantasy épique. On pourrait même évoquer une volonté de déconstruction : ici, pas de nom “exotique” à rallonge, pas de manichéisme exacerbé, pas de races par dizaines qui au final se ressemblent toutes plus ou moins…
Le cadre lui-même devient vite intrigant : riche, porté par de bonnes trouvailles (les différents courants de magie, les mondes-miroirs, les Arches…), il est facile de s’y laisser prendre rapidement tout en se laissant tout aussi facilement surprendre à d’autres moments. Les auteurs font preuve d’un véritable souci du détail et le lecteur sent bien qu’il est encore loin d’avoir tout vu… mais on flirte aussi parfois avec un trop-plein d’explications qui pour le coup nous ramène au cliché du monde trop écrit qui finit par écraser son intrigue. Et pourtant, l’écriture en elle-même est fluide, évitant l’écueil du premier roman croulant sous les adverbes et les descriptions qui n’en finissent plus.
L’intrigue justement, aux thématiques fournies et en fin de compte très actuelles (la problématique de la corruption, quels moyens peut-on employer pour parvenir à ses fins, etc…), est relativement bien charpentée. Démarrant assez simplement, elle se complexifie peu à peu, développant une noirceur bienvenue.
Dommage par contre, là encore, qu’on ne puisse faire l’impasse sur un bémol : l’action. L’action occupe au bout du compte une place non négligeable, ce qui, bien que logique vu le métier d’Elsy, finit par nous lasser, surtout quand, dans le même temps, certains éléments de cet univers (Les titans, etc…) ou fils d’intrigue semblent perdre de leur substance en conséquence. Peut-être les auteurs ont-il cherché malgré tout à se reposer sur quelque chose pour le coup à même de séduire les habitués de fantasy plus classique ?
En parlant justement d’Elsy Vilnatier, il est donc temps de s’intéresser aux personnages : c’est sans doute malheureusement le point le moins convaincant du roman. En dehors d’Elsy, d’Élodianne, et peut-être de la figure de Teliam Vore dans un registre bien différent, ils manquent pour la plupart de coffre. La galerie de protagonistes, souvent forts en gueule, en restent souvent là. Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés par les dialogues : Là où Glen Cook avec La Compagnie noire ou Garrett est parvenu à créer un langage argotique imagé, exotique et au final très approprié avec le cadre de l’histoire, le roman ne parvient pas à recréer cette alchimie gagnante avec une succession de mots familiers et argotiques qui sont couramment utilisés à notre époque et un relâchement dans les dialogues qui n’apporte rien de concret. Il ne suffit pas de quelques “putain” et autres “enculé” pour donner une réelle saveur voire une noirceur aux échanges.
Au final, Teliam Vore est certes un roman ambitieux, long (plus de 500 pages, soit un joli pavé pour à peine 20 euros si vous êtes adeptes de ce genre de calculs…) mais dont on se demande s’il ne chancelle pas sous le poids de cette ambition affichée. Peut-être sa gestation compliquée - retravailler un roman n’est jamais aisé, surtout quand on doit faire sauter tout de même une cinquantaine de pages - en est-elle en partie la cause. En l’état, on ne peut qu’espérer que les auteurs aient tiré les leçons d’un premier roman pour nous proposer mieux (un récit plus recentré encore, moins d’action…) par la suite.
On les en sent capables.

6.0/10

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