Alors que 2022 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou même la situation globale de l'édition en Imaginaire ?
Une année éditoriale un peu particulière en ce qui me concerne avec des textes repoussés, des bonnes surprises et des projets attendus depuis longtemps. On a aussi assisté, comme des gamins surexcités, à la sortie de notre première BD jeunesse, ''Merci pour la tendresse'', qui a raflé quatre T dans Télérama, une avalanche de coups de cœur libraires et une sélection pour les pépites de Montreuil… Les ravis de la crèche c’était nous ! Et puis les nouveautés de la collection épik m’ont enchanté, Mylène Mouton, Jean-François Chabas (que vous pourrez retrouver cette année avec un roman atypique, ''La sorcière et les Mananangalls'', mélangeant la magie noire d’Irlande et l’Australie des aborigènes), Tristan Valroff et Anna Benning. C’était un peu fou et merveilleux.
Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ? On songe à la flambée du prix du papier, mais il peut s'agir d'autre chose, évidemment.
En dehors des évènements extérieurs au monde du livre, des électrochocs opérés de manière sauvage par la macronie et de ce que mes camarades ont déjà pu dire de très pertinents (il ne reste plus grand-chose à ajouter, en fait), il y a une chose qui ne cesse de me marquer chaque année et qui, en plus, est positive, c’est notre éternel rendez-vous jeunesse : le salon de Montreuil. C’était une édition particulièrement riche. Riche de futur projets. Une belle manière de terminer l’année.
Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2023 ?
Il va y avoir deux grands moments en 2023 autour de la fantasy, le premier c’est le retour de Marine Carteron (Les Autodafeurs, Génération K, Dix) sur les terres de la littérature de l’imaginaire. Sa nouvelle trilogie, ''Pallas'', retourne aux sources de ce qui causa les deux guerres de Troie et revisite profondément les récits mythologiques en racontant les événements uniquement du point de vue des personnages féminins, déesses et mortelles. On y croise les personnages les plus connus tels qu’Athéna, Aphrodite ou Hélène de Troie mais aussi d’autres moins célèbres comme Hésione, Oenone ou Pallas. Exit les batailles dantesques et la testostérone, ici, la stratégie et la manipulation règnent en maîtres, indispensables dans un monde dominé par des sales types comme Zeus ! En deux mots : une dinguerie. Le deuxième temps fort sera la nouveauté de Pascale Quiviger, sa précédente série ''Le royaume de Pierre d’Angle'' avait tout illuminé (au point d’être adapté en 2023 en BD et d’inaugurer la collection poche Folio Fantasy). Son prochain roman est une merveille, on y suit deux des personnages de Pierre d’Angle mais à l’autre bout du monde qui vont tenter de contrecarrer une prophétie. Il va s’intituler ''La dernière saison de Selim'' et l’action va se dérouler dans un sultanat fantasmé, grillé par le soleil et noyé par les déserts.
Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?
2023 va être une année très dense pour notre collection épik, sept nouveautés à défendre, de beaux textes, surprenants et ambitieux. Une année où nous allons aussi publier pour la première fois un texte de SF francophone, ''Sol'' d’Antonio Da Silva (si vous n’avez pas lu son précédent roman ''Azul'', foncez, tout de suite !), un roman auquel je crois très fort pour ses qualités évidentes mais aussi car il m’a tout simplement empêché de dormir tellement mon addiction a été forte. Accompagner ces textes et les défendre, voilà le grand défi que nous allons devoir relever !
''Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière''.