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Albin Michel Imaginaire - Gilles Dumay

Alors que 2022 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou même la situation globale de l'édition en Imaginaire ?

2022 va rester à mes yeux comme une année très décevante, plombée par les élections présidentielles, la guerre en Ukraine et enfin l'inflation à laquelle aucun secteur n'échappe. L'augmentation du prix de l'énergie est aussi logique qu'angoissante. Une des conséquences de tout ça, c'est que le prix des livres a commencé à augmenter et va continuer en 2023, à peu près chez tout le monde. Avec une inconnue très forte en ce qui me concerne, est-ce que les gens vont nous suivre sur des prix supérieurs à 25 euros ? En ce qui concerne Albin Michel Imaginaire, j'ai l'impression que les augmentations seront de l'ordre de 3,5% en moyenne, donc moins que l'inflation.
Concernant Albin Michel Imaginaire millésime 22, je remarque avec étonnement et un petit sourire d'ironie que ce sont des auteurs de langue française qui se sont le mieux vendus : Emilie Querbalec, Laurent Genefort et Marguerite Imbert, grande gagnante du mois de décembre.
Quand on regarde un dégressif de ventes du rayon dans son ensemble, on continue de noter l'impact très fort des séries télés sur les ventes de livres. Poussés par les séries HBO, pour l'un, et Amazon, pour l'autre, George R.R. Martin et Tolkien se sont vendus par palettes.

Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ? On songe à la flambée du prix du papier, mais il peut s'agir d'autre chose, évidemment.

En fait ce qui m'a le plus marqué, outre la guerre en Ukraine, c'est la volte-face du gouvernement chinois vis à vis de sa politique « zéro COVID », quand le peuple a commencé à vraiment grogner. Je trouve qu'on a senti le géant trembler. La Chine avec sa population monstre et ses ambitions taïwanaises, et autres, est un gros sujet d'inquiétude. Le pays n'est pas aussi stable que ce qu'on pourrait croire, la gestion du COVID vient de le montrer. Un gouvernement moins fébrile aurait planifié une sortie graduelle de la politique zéro COVID. Et là on a plutôt vu un virage à 180° au parfum de « sauve qui peut » avec tous les effets collatéraux qu'on pouvait augurer. Le conflit russo-ukrainien est un petit conflit et on a vu les effets dévastateurs de ce « petit » conflit ; j'ose à peine imaginer les conséquences d'une invasion de Taïwan, façon débarquement du 6 juin, qui obligerait les USA à s'impliquer.

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2023 ?

Une grande.
''Morgane Pendragon'' de Jean-Laurent Del Socorro sortira le 18 janvier. C'est le plus gros lancement que nous ayons jamais fait, le plus gros tirage, le plus gros plan marketing, etc. On y est allé, accélérateur bloqué. Comme les premières critiques sont tombées, je ne vais pas m'étendre davantage.
En avril, il y aura ''Les Cartographes'' de Peng Shepherd, une fantasy urbaine sous forme de thriller culturel autour de la cartographie. Le livre connaît un très beau succès aux USA.
En mai, ''Les Terres closes'', le troisième et dernier volume des Maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett, avec toujours la même recette : de la magie d'inspiration cyberpunk et des scènes d'action spectaculaires (pour ne pas dire apocalyptiques).
Pour le second semestre, je ne sais pas trop, ce n'est pas encore tout à fait cristallisé, mais j'ai l'impression qu'il y aura surtout de la science-fiction d'action.

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?

Ne pas flinguer plus de 27 balles anti-stress.

''Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière''.