Alors que 2022 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou même la situation globale de l'édition en Imaginaire ?
Les forges sortent d'une très belle année 2022. Nous continuons avec succès à publier le cycle de la tour de garde, qui a séduit en grand format, et commence à séduire en poche. C'est d'abord une fierté artistique, d'être au service de ce cycle, qui unit sincérité, originalité et maîtrise. Les deux auteurs, Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian, sont engagés dans une longue tournée, grâce à l'enthousiasme des lectrices et lecteurs, et grâce à la bienveillance des libraires. Les forges sont en croissance de 2021 à 2022, ce qui n'était pas gagné en début d'année, car les premiers mois de l'année ont vu le secteur du livre se contracter en raison de divers facteurs : élections présidentielles, guerre en Ukraine, interrogations sur le pouvoir d'achat. L'édition d'imaginaire me semble toujours aussi dynamique. L'association des maisons d'imaginaire permet d'aider davantage les libraires qui découvrent ce genre à se faire une petite bibliothèque mentale des classiques, passés ou contemporains, qu'il faut connaître. Enfin, j'ai pu voir, notamment grâce à la venue de Rivers Solomon aux Imaginales, que le genre renoue avec l'effervescence politique qui me semble le caractériser.
Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ? On songe à la flambée du prix du papier, mais il peut s'agir d'autre chose, évidemment.
Pour moi, les Imaginales 2022 resteront un événement très marquant. Je suis extrêmement reconnaissant à Stéphanie Nicot d'avoir invité et cajolé quatre plumes des forges : Gilberto Villarroel, Claire Duvivier, Guillaume Chamanadjian et Rivers Solomon. Je pense que ce furent nos meilleures Imaginales. Stéphanie a su mêler des voix très différentes, dans un esprit de diversité, d'ouverture et de curiosité qui manque souvent à notre époque. Et Guillaume Chamanadjian a été doublement primé pour son premier roman. Une manière, à la fois, de saluer le travail accompli, mais aussi de montrer la nécessité de poursuivre le chemin ouvert.
Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2023 ?
En 2023, nous allons clore le cycle de la tour de garde. Cela va être, je l'espère, une fin en apothéose. Le cycle a commencé en 2021. En 2022, les deuxièmes volumes sont sortis et lectrices et lecteurs ont été surpris de la montée en intensité des récits parallèles des aventures de Nox et Amalia. En 2023, les troisièmes volumes vont être de nouvelles montées : il y a dans cette tour de garde comme une invitation à participer à un défi que Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian se sont lancé, l'un à l'autre, de s'étonner, de se surprendre - de ne jamais se reposer mais toujours viser plus haut. Je ne sais d'ailleurs pas si, une fois achevé ce cycle, je pourrai à nouveau publier de la fantasy francophone, tant je pense que ces deux auteurs ont mis la barre haute.
Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?
Le grand défi des forges, en 2023, relèvera de l'imaginaire, mais pas de la fantasy : ce sera la publication des deux premiers volumes, en mars et octobre, d'une trilogie de SF par Pierre Raufast : ''la trilogue baryonique''. Une histoire de survie dans l'espace. Le premier volume, La tragédie de l'orque, sort en mars 2023. C'est inventif, drôle - et Pierre renoue avec une sorte de merveilleux scientifique en partageant avec nous son enthousiasme pour les découvertes récentes de la physique, de l'IA, de l'exobiologie, etc. Rendez-vous en mars !
''Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière''.