Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?
À chaud, je répondrai que Pygmalion a été très impacté par l’attente du sixième tome du ''Trône de Fer'' mais ne parlons pas de choses qui fâchent dès la première question. Robin Hobb manquait également à l’appel et les résultats s’en sont ressentis. Toutefois, nous pouvons dire que ce fut une bonne année pour l’imaginaire avec des ouvrages dont nous sommes fiers tels que ''Les Avides'' de Guillermo del Toro et Chuck Hogan ou le premier tome de la saga ''Les Enfants indociles'' de Seanan McGuire, ''Les Portes perdues'', récompensé du triplé Hugo, Locus et Nebula.
La situation globale du marché de l’imaginaire est bonne et dynamique, en physique ou en dématérialisé.
Cela me semble particulièrement lié au succès de série ou de film de genre, mais certainement aussi par une communication commune mieux organisée de tous les éditeurs du genre et cela est réjouissant
2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ?
Selon moi, elles étaient à la fois très différentes et similaires par certains aspects.
L’année écoulée donnait un souffle d’air après la particularité de 2020, tout en restant étrange. Les livres pouvaient sortir de nouveau, mais les lecteurs également. 2020 a prouvé leur attachement la littérature, 2021 leur a accordé moins de temps pour lire évidemment, ou moins d’occasions d’être attentif aux parutions. Et je les comprends. Il faut se ménager des moments pour retrouver des amis, dans le respect des gestes barrières, cela va de soi.
Les éditeurs ont dû encore une fois apprendre à s’adapter. 2020 était un challenge, 2021, une mutation qui nous force à associer différente façon de fonctionner. Il faut être d’autant plus innovant pour attirer l’attention et faire connaître notre travail.
J’ai été particulièrement marquée par la créativité des éditeurs de l’imaginaire – mook (oui, je pense au magnifique Dune), podcast ou communication sur les réseaux – ainsi que par la présence de plus en plus importante des auteurs français, mais aussi par l’incursion du genre dans la littérature générale.
Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?
Une place centrale évidemment. Avec pour bien commencer le nouveau roman de Naomi Novik, ''Éducation meurtrière'', qui inaugure une trilogie que nous avons hâte de partager avec les lecteurs. Une saga immédiatement entrée dans la liste des meilleures ventes à l’étranger et présentée comme un Harry Potter sombre, très moderne… et dirigé par des femmes.
Nous publierons également la suite des ''Enfants indociles'' de Seanan McGuire, ''De brindilles et d’os''. Un préquel qui peut parfaitement se lire indépendamment et qui répond à une question essentielle pour les lecteurs de la série : Comment naissent les enfants indociles ?
Et nous réservons d’autres surprises.
Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.)
Un défi de taille en effet. Nous ne sommes pas tant impactés sur les nouveautés, plutôt sur les délais de réimpression qui sont affreusement longs actuellement. Nous espérons que la situation s’améliorera rapidement. Nous avons envie d’avoir un challenge plus « positif » si nous pouvons le dire ainsi : offrir le meilleur aux lecteurs ;-)
''Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière''.