Voilà le premier tome d'une trilogie qui aura déjà largement fait parler de lui de l'autre côté de la Manche, et bientôt sans doute de l'Atlantique ! Même si les amateurs français n'auront pas très longtemps à attendre - le roman est prévu chez nous dès 2009 - autant vous proposer notre critique dès maintenant !
Un mélange des écrits de Philip Pullman et de ceux de Scott Lynch ? Difficile en effet de faire plus hype qu'une telle mise en bouche ! Mais qu'en est-il réellement ? Eh bien, à dire vrai, si certains éléments peuvent effectivement évoquer les deux auteurs cités, Robert V S Redick se rapproche plus naturellement du second, mais d'un Scott Lynch qui aurait décidé de faire dans le roman pour grands adolescents. Car on se rend compte bien vite, que, sous des dehors quelque peu compliqués du fait de l'abondance de termes de marine techniques, nous avons là avant tout un roman mettant en scène un adolescent à la découverte du monde et de lui-même. Non pas que cela ne soit pas plaisant ! Mais le lecteur pouvait sans doute espérer quelque chose d'un peu plus ambitieux sur ce plan-là.
Pour le reste, voilà un roman qui nous fait prendre la mer et qui joue admirablement de son ambiance : entre ces aventures maritimes et surtout le cadre qui les entoure, riche de mille mystères et autres surprises, on se laissera prendre dès les premières pages avalées. Il faut dire que l'auteur fait preuve d'une imagination certaine (le Chathrand à lui seul, incroyable navire-cité !), et fait usage de dialogues souvent très vivants, mais qui n'évitent pas toujours, surtout dans un premier temps, des passages explicatifs un peu trop visibles.
Et si Pazel lui-même se montre quelque peu falot (et à un degré moindre, Tasha), notamment face à certains seconds rôles beaucoup plus ambigus que lui, il n'en demeure pas moins que l'on s'attache facilement à ses pas. Et n'oublions pas que si l'auteur fait preuve d'érudition, dans bien des domaines, son enthousiasme et son ambition évitent que le lecteur s'enlise ou se laisse distraire. Finalement, il y a bien là du Pullman également !
Mais gardons-nous du jeu des comparaisons, car il s'agit là encore plus de similitudes de thèmes traités par ces auteurs que de réelles ressemblances. Voilà finalement un premier roman avec des défauts souvent communs à ceux-ci - quelques maladresses, une histoire encore trop classique par certains côtés - mais dont les qualités et le potentiel « suffisent » à le placer largement au-dessus de la moyenne. Un début très solide, en mesure de plaire à un très large public, pour peu que l'on ait soif d'aventure.
— Gillossen