Faerie Hackers avait su séduire grâce à l'habile mélange entre fantasy urbaine et thriller. La plume de Johan Heliot évidemment y était pour beaucoup. Quelques temps après, une suite pointait son nez. Ce nouvel essai allait-il se montrer à la hauteur de son prédécesseur ?
Le terme « suite » est sans doute mal choisi. Même si l'auteur se permet quelques rappels à Faerie Hacker en bas de page, sa lecture n'est en rien obligatoire pour savourer cette nouvelle histoire. On ne peut que remercier Johan Heliot d'avoir su emprunter plus au roman noir qu'à l'épopée classique pour le coup. Le livre gagne ainsi en richesse et en dynamisme, tout en nous épargnant les interminables descriptions pour faire revenir à la vie une petite frappe oubliée.
La sélection a d'ailleurs été rude parmi les personnages. Heliot n'a conservé que la fey Lil, le capitaine Largagne et le presque-dragon Obrasian pour cette nouvelle aventure. Leurs caractères sont toujours aussi bien travaillés que dans le volume précédent, mais les nouveaux venus ne sont pas en reste qu'ils viennent de Faerie ou de la Surface. On en viendrait parfois à tous les voir comme « humains » tellement ils sonnent vrais.
Si l'on met de coté l'aspect enquête fantastique parfaitement maîtrisé, on remarquera que les thèmes abordés sont loin d'être puérils. Que ce soit l'amour « contre nature » entre un nain et un troll ou encore le monde de l'édition pas si rose que ça, l'auteur sait garder le ton juste, sans tomber dans le jugement ni l'agressivité. On serait presque tenté de dire que le ton du roman est froid, collant d'autant mieux à l'ambiance noire d'un polar. Mais ce serait oublier justement les éclats de rires, la tendresse, l'espoir dont font preuve les différents protagonistes. Subtile harmonie entre des aspects qui semblent opposer mais qui s'allient sous la baguette du maître.
Voici donc un titre qu'il est difficile de reposer une fois entamé. Une lecture à recommander non seulement aux amateurs de romans noirs mais également à tous ceux qui cherchent de la fantasy originale et bien écrite.
— Luigi