Ce roman est déroutant à plus d'un titre. Sur le fond tout d'abord, car si le résumé donne l'impression de déjà-vu, en raison des sources d'inspiration évidentes, telle La Ligue des gentlemen extraordinaires, sa lecture nous confronte certes à nombre d'emprunts, mais toujours subtilement différents de ce que nous en connaissons. L'Histoire elle-même telle qu'on nous l'a transmise, est quelque peu malmenée, et le tout s'entremêlant, le lecteur est vite perdu et en proie aux doutes sur ces connaissances, tant littéraires qu'historiques.
Sur la forme ensuite. Attention, concentration impérative ! Car les changements d'époque et de points de vue se succèdent à un rythme effréné, couplés à des ellipses temporelles qui donnent parfois l'impression d'un texte hâché au couteau, et le lecteur est souvent dubitatif, cherchant que croire et comment recoller les différents morceaux entre eux.
Tout cela rend ce roman d'un abord - et même d'une lecture- assez âpre, et l'épilogue vient comme une délivrance - enfin presque au vu de son contenu - en éclairant d'un jour nouveau et surprenant les quelques 240 pages qui précédent, et valident même le fond et la forme évoqués ci-dessus. On ressort de cette lecture exigeante un rien groggy, enthousiaste en ce qui me concerne, mais il est fort probable que certains seront déçus par le dénouement, voir avec l'impression désagréable de s'être fait ballader.
Conseillons tout de même cet ouvrage aux fans d'Alan Moore, qui ne devrait pas être dépaysés par les méthodes employées !
— Publivore