Deux heures et neuf minutes.
C’est le temps qu’il m’aura fallu pour venir à bout de cet O.L.N.I signé Allie Millington. Une lecture rapide, qui s’explique en partie par son format raisonnable (moins de 300 pages), ses chapitres très courts et sa destination vers un jeune public, annoncée dès 10 ans par l’éditeur.
Mais cette rapidité tient surtout à une raison essentielle : Olivetti est un véritable coup de cœur.
Dès les premières pages, le roman se distingue par son parti pris original. La machine à écrire elle-même prend la parole et s’adresse directement au lecteur, partageant l’histoire de « sa » famille. Ce choix narratif, loin d’être un simple gimmick, installe immédiatement une voix singulière et une proximité émotionnelle forte. Le récit s’organise autour de la disparition de Béatrice, la mère, et de la quête d’Ernest, son plus jeune fils, tandis que les mots d’Olivetti servent de fil conducteur pour explorer les fractures et les silences familiaux.
C’est sans doute là que réside la principale réussite du roman. Allie Millington parvient à brosser le portrait d’une famille profondément humaine, dans laquelle chacun peut se reconnaître. Ernest, enfant mutique réfugié dans les dictionnaires, ses frères et sœurs en plein questionnement, et même la machine à écrire, véritable mémoire vivante du foyer, composent un ensemble attachant et crédible. L’autrice prend le temps de donner à chacun sa place, sans jamais forcer l’émotion.
La justesse avec laquelle les sentiments sont abordés mérite justement d’être soulignée. Le texte évoque les peurs, les souvenirs, les non-dits et l’espoir avec une grande délicatesse, sans jamais sombrer dans le pathos. Cette retenue rend le propos d’autant plus efficace et touchant, en particulier dans sa manière de parler de résilience et de liens familiaux.
Olivetti est ainsi un roman qui touche par sa sincérité et son audace, surtout pour une première œuvre. Accessible dès le plus jeune âge, il n’en demeure pas moins capable de parler à des lecteurs bien plus âgés, grâce à l’universalité de ses thèmes et à la sensibilité de son écriture. Un livre doux-amer, simple en apparence et profondément marquant à la fois.
— Aerendhyl