La guérisseuse de Zalindov

Ce premier tome (sur trois) se déroule intégralement entre les murs de la prison de Zalindov, un endroit effroyable qui n’est pas sans évoquer les camps de travail. Mal nourris, brutalisés, entassés dans des dortoirs spartiates, les prisonniers y sont exploités sans vergogne, avec un espoir de survie qui dépasse rarement les quelques mois dans le meilleur des cas. La vie de la prison se déroule sous la très étroite surveillance d’une tripotée de gardes, avec tout ce que cela peut inclure de comportements immondes.
Bien que narré à la troisième personne, le récit adopte le point de vue de l’héroïne, Kiva, une adolescente qui officie comme médecin de la prison. L’arrivée d’une nouvelle patiente, inconsciente et malade, va faire basculer son quotidien déjà éprouvant. 
Globalement, le roman fonctionne plutôt bien : les éléments sont distillés au fur et à mesure, les personnages sont assez réussis, l’écriture elle-même n’est pas désagréable. L’autrice évite la surenchère de glauque malgré le choix d’un cadre carcéral pour le moins révoltant. Le parti pris est annoncé très tôt, l’on est de fait pas surpris d’en découvrir de nouvelles facettes accablantes. 
Malheureusement, l’ensemble est mis à mal par le retournement final. Certes, il faut relancer l’intérêt des lecteurs en vue du prochain tome, mais le souci, ici, c’est que cela rend incohérents plusieurs éléments. Sans dévoiler de quoi il retourne, ces révélations ne collent pas avec le point de vue interne choisi par l’autrice. 
Le procédé n’aura sans doute pas le même effet sur d’autres, mais il a été rédhibitoire : ça m’a instantanément éjectée de l’histoire. Difficile donc pour ma part de conseiller cette lecture, malgré de bons éléments. 

— Erkekjetter