Premier volume d’une saga de fantasy animalière aux accents médiévaux, Les loups de Hurlebois tient toutes ses promesses.
Les chapitres sont courts, alternant plusieurs points de vue à différents endroits de la cité de Rive-de-Valse. Le mystère et les péripéties sont bien dosées, tenant en haleine le·a lecteur·ice. Nos protagonistes, Eloïse, fille cadette de la duchesse Garance de Teauperché, et Pépin Souriceau sont attachant·es et imparfait·es. Alors que Souriceau enquête sur l’Ecorcheur, un genre de tueur en série semblant ne s’attaquer qu’aux renards, Eloïse, elle, tente de retrouver l’animal qui a attaqué sa mère. Leurs chemins se croiseront mais n’en rendent pas la résolution plus facile pour autant.
Tout n’est pas rose à Rive-de-Valse, en témoignent la façon dont sont traitées les chimères, animaux issus de relations interespèces. Leur place dans la cité est constamment remise en question, nous faisant penser aux réfugiés, au racisme, et résonnant ainsi avec certaines problématiques contemporaines.
Les loups aussi en font les frais. Invités par Garance de Teauperché à Rive-de-Valse, ils se retrouvent vite au milieu d’un conflit qui les dépasse. Les loups font peur et la plupart des habitant·es s’en méfient. Eloïse, jeune renarde, en sera d’ailleurs témoin lorsque ses ami·es, Pauline et Nicolas, les jeunes Hurlebois, se retrouvent accusé·es d’un crime qu’iels n’ont pas commis.Même nos deux protagonistes, Pépin Souriceau et Eloïse, devront faire fi des a-priori et prouver aux autres personnages qu’elleux aussi sont tout à fait aptes à accomplir de grandes choses.
Avec ce nouveau roman jeunesse, destiné aux 12 ans et plus, Jolan C. Bertrand continue son œuvre sur la différence et l’inclusivité en tous lieux. On retrouve des personnages queers, différent·es, et/ou inadapté·es aux conventions sociales établies. Comme on avait pu l’apprécier dans Les sœurs hiver (sublime roman que l’on n’arrête pas de vous conseiller, prix Elbakin.net 2022 - meilleur roman fantasy jeunesse), ces sujets ne sont pas le centre de l’attention, mais restent présents. Je suis convaincue que c’est ainsi que la visibilité et l’inclusivité des personnes queers ou issues de minorités rentreront dans la norme, en littérature et ailleurs.
En bref, il s’agit là d’un premier tome très prometteur, dont l’épilogue augure un deuxième tome tout aussi haletant (à paraître en 2025).
— docka