Magie d'encre, premier roman d'Emma Törzs, paru en France dans la collection Lunes d'Encre chez Denoël, pourrait de prime abord laisser circonspects certains lecteurs pour une raison bien futile : sa couverture.
Celle-ci, très proche de l'originale, pouvant en cette période où la romantasy est à la mode, laisser suggérer quelque écrit de cette nature. Les amateurs de romance mâtinée de magie seront probablement déçus : seule cette dernière est mise en avant, avec une originalité certaine.
L'ouvrage se déroule à l'époque qui est la nôtre à une seule modification près et non des moindres : la magie existe et réside dans des livres, ouvrages écrits de sang. Une magie cruelle, drainant les forces de celui tenant la plume. N'attendez point ici toutefois de pyrotechnie à tous les chapitres : si la magie est omniprésente dans ce roman elle l'est avant tout dans ses enjeux, pesant considérablement sur les vies des protagonistes. D'autres ouvrages que Magie d'encre possèdent toutefois des systèmes de magie originaux ou bien dépeints. La force de ce livre est ailleurs.
Dans ses personnages. Trois « héros » isolés, dépeints avec justesse, auxquels on s'attache progressivement. L'intérêt principal de ce récit repose sur ce qu'il dit des liens familiaux, de la solitude, bref, des relations humaines et de leurs enjeux. Avec une question que se pose le lecteur à chaque page tournée : qui cache quoi à qui ? Sans être d'un style inoubliable, la forme ayant parfois comme le scénario recours à quelques facilités, l'ensemble se lit aisément, rapidement, nous poussant à faire défiler les chapitres les uns après les autres. Malgré la nature quelque peu sanglante de la magie ce livre est loin d'être dénué d'une certaine légèreté.
S'il ne conviendra pas à tout le monde et ne constitue pas la lecture de l'année il n'en demeure pas moins touchant par moments et largement recommandable.
Une sympathique découverte.
— K