La Cité de Jade est un joyeux pêle-mêle, en plus de constituer le premier tome d'une trilogie.
Si vous aimez, en vrac, les rivalités familiales, les histoires de mafia, les arts martiaux, les cadres qui se veulent sombres et une magie présente mais en arrière-plan, cette histoire devrait vous plaire. Il faut également aimer les récits qui prennent leur temps, en s'attardant sur les personnages et leur psyché. Si en revanche, à la lecture du résumé, vous pensez vous retrouver avec un roman au rythme électrique, passez votre chemin.
Il faut cela dit attendre une bonne moitié du livre pour que les choses se mettent définitivement en place et que nos protagonistes se détachent du simple rôle qui leur a été attribué. Avant cela, l'histoire globale demeure tout de même plutôt prévisible, ou disons, très classique dans son déroulement. Certains personnages semblent retomber dans les mêmes travers que ceux qu'ils sont pourtant censés avoir déjà expérimentés, ce qui paraît un peu facile et donc laisse entrevoir la main de l'autrice derrière les rebondissements concernés. Dommage.
Car l'écriture est plaisante et participe à nous pousser à continuer (précisons qu'il s'agit d'une lecture faite en VO). Il manque sans doute juste un peu de souffle pour que l'intrigue elle-même décolle, à l'image des personnages au cours de leurs duels. En l'état, on cherche à s'émerveiller, sans y parvenir tout à fait. Que l'histoire soit ancrée sur des bases très réelles, terre-à-terre, constitue un parti pris assumé et qui apporte un vrai plus, mais on aurait aimé un cadre urbain peut-être plus mystérieux, moins avare en secrets et autres mirages.
Finalement, les 600 pages se font quelque peu sentir et même si le roman se termine de façon spectaculaire, sa conclusion abrupte nous rappelle que l'on est bien dans un premier tome.
Pour un World Fantasy Award (2018) ou un livre classé dans les cent meilleures œuvres de fantasy de tous les temps (!) par le célèbre magazine Time, le roman nous laisse un poil sur notre faim, tout en ne manquant pas d'atouts. On espère que les deux volumes suivants sauront s'appuyer dessus pour franchir un cap.
— Gillossen