Adrian Tchaikovsky est un auteur pour le moins prolifique, même si une très grande part de sa bibliographie nous reste pour le moment inconnue en France.
De fait, une nouvelle traduction de l'une de ses œuvres constitue toujours un petit évènement pour les amateurs, qui plus est dans la collection Une Heure-Lumière des éditions du Bélial'.
Ici, il s'amuse de la frontière des genres entre science-fiction et "fantasy", avec comme point de départ une situation que n'aurait pas renié un épisode de Star Trek ou plus récemment de The Orville. Un observateur extérieur venu d'une civilisation beaucoup plus avancée que celle sous son regard doit-il ou pas intervenir en cas de force majeure ou rester strictement dans son rôle ? Visiblement, Nyr Illim Tevitch n'hésite pas longtemps, ni maintenant ni par le passé. Au fil de ses chapitres et des changements de point de vue, le récit aborde également de nombreuses questions, comme la définition d'une tradition, leur poids, la place des uns et des autres dans la société, qui se cache derrière l'autre, l'étranger, le démon...
Le tout se suit avec plaisir, sans considération de rythme. Nous ne sommes pas soumis à un fort suspense, mais le but du texte n'est, évidemment serait-on tenté de dire, pas là, même si quelques points mystérieux peuvent un temps aiguiser notre curiosité. L'auteur s'attarde avant tout sur les destins liés de la jeune Lyn et du vieux Nyrgoth, tout en se jouant de la 3e loi de Clarke (La bonne vieille "Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie") à plusieurs reprises au fil de leur quête. Lyn en particulier, notamment vis-à-vis des rapports entretenus avec sa figure maternelle, est une protagoniste intéressante à suivre.
Lecture agréable, Le Dernier des Aînés ne représente sans doute pas l'un des sommets d'une collection aussi dense qu'Une Heure-Lumière (malgré sa nomination au prix Hugo), que ce soit d'ailleurs versant SF ou fantasy de celle-ci, mais l'ouvrage demeure tout à fait honnête !
— Gillossen