La disparition tragique d'Hubert, le talentueux scénariste des Ogres-Dieux ou de Peau d'Homme, avait laissé un doute concernant le tome 2 de Ténébreuse. Heureusement, il avait laissé le script du second volet entièrement écrit à son acolyte Vincent Mallié qui a pu achever ce conte qui n'hésite pas à prendre le contrepied de la fantasy classique en chamboulant les rôles du chevalier et de la princesse en danger.
Nous avions laissé Arzhur et Islen en fuite après que cette dernière ait dévasté le chateau de son père en refusant son mariage forcé et laissé échapper les pouvoirs de sa mère. Mais la belle refuse l'amour qu'Arzhur développe pour elle. Il faudra bien pourtant se mettre à nu et que chacun dévoile les secrets de son passé pour pouvoir vivre le présent. Surtout que dans son Nord d'origine, Arzhur n'est pas forcément le bienvenu, y compris pour ses proches.
Après les thèmes déjà forts tels l'émancipation, les conflits familiaux, le poids du regard des autres et des préjugés qu'évoquait le tome 1, voilà qu'il faudra à nos héros se détacher de leur héritage et de leurs actes passés pour retrouver leur libre-arbitre. Mais aussi composer avec leur part d'ombre. L'atmosphère s'assombrit encore et le récit s'oriente vers une conclusion dramatique que le trait très "Loiselien" (avec qui Vincent Mallié a collaboré sur la Quête de l'Oiseau du temps), complète à merveille. Son style précis et ses cadrages apportent du dynamisme à l'action sans occulter l'émotion.
Ténébreuse est donc un dytique fantasy à la fois classique mais aussi plein de modernité, qui se joue des conventions et prouve bien que notre genre peut à la fois offrir évasion, réflexion et une bonne manière de se frotter à notre monde réel.
— terriblius