Léa Silhol nous a habitués à des récits féeriques très documentés avec de grandes envolées lyriques et des paysages enchanteurs qui nous enmènent vers des contrées où les humains n'ont jamais posé le pied. Et avec La Glace et la nuit, cette passionnée de Féerie ne déroge pas à la règle et nous replonge avec joie dans les aventures d'Angharad et Finstern qui étaient les héros emblématiques de La Sève et le givre.
En plein changement de réalité entre les Cours Seelie, Unseelie et d'Exil, le lecteur se trouve emporté avec maestria dans la recherche mouvementée des Hallows (rien à voir avec le tome 7 d'Harry Potter), artéfacts légendaires pouvant altérer l'avenir des fées et les sauver de l'avancée des humains.
Sur fond de lutte politique et d'affrontement entre croyances, l'histoire d'amour entre les deux héros, subtilement racontée, occupe le centre du récit et dirige toutes les actions principales du livre.
Combats physiques, duels d'énigmes, expressions contradictoires du corps et de l'esprit, tout est sujet à la lutte dans ce monde très étrange qui nous dépayse et nous enchante tout en faisant référence à des légendes celtiques qui ne nous sont pas inconnues. D'ailleurs, l'une des plus belles réussites de ce livre est la description pleine de métaphores du caractère des Cours de Féerie et de ses habitants qui réussissent à paraître à la fois proches mais aussi très lointains du fait de leur nature inhumaine qui nous paraît par moments incompréhensible. Le revers de la médaille c'est que certains seront susceptibles de trouver le récit trop abstrait et trop éloigné des standards classiques de la high fantasy pour s'y plonger.
Cependant, la plume de l'auteur a encore gagné en maturité et en vivacité, et ce serait dommage de ne pas profiter de cet opus très réussi. De plus, étant donné que les couvertures sont magnifiques, qu'il n'y a pas besoin d'avoir lu la Sève et le givre pour comprendre, et que l'investissement sera limité à deux volumes, voilà de nouveaux arguments pour passer le pas et succomber à la magie féérique...
— Belgarion