Un des privilèges du lecteur de fantasy est cette possibilité qu’il a de voyager dans des mondes lointains, féériques et merveilleux, tout en restant dans son fauteuil. Et quand ce voyage s’avère inattendu, c’est encore plus grisant, comme c’est le cas avec ce Voyage sur les mers du prince Takaoka.
La quatrième de couverture nous annonce un ouvrage « à mi-chemin de Calvino et de Tolkien, du voyage vers l’Ouest et de Dragon Ball ». Mais quand est-il vraiment ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le dépaysement est assuré. On est ici dans une Asie du IXe siècle où les mythes sont réels. Pour résumer, imaginez si tout ce qu’a raconté Marco Polo dans son Livre des Merveilles était vrai : des hommes-chiens, des fourmiliers parlants, des femmes-fleurs ou oiseaux. Toutes ces créatures, que rencontre le prince Takaoka, existent. Au crépuscule de sa vie, ce dernier, devenu moine bouddhiste à 20 ans, décide de se rendre en Inde (Tenjiku). Humour et réflexions philosophiques émaillent ce récit déroutant, qui peut être vu comme le testament de son auteur, décédé quelques jours après la fin de la rédaction du roman. Ce premier ouvrage traduit en français de Tatsushiko Shibusawa, si il est d’une lecture agréable, n’en demande pas moins de maitriser certaines références bouddhistes et certains codes de la littérature sino-japonaise pour en saisir toute la substantifique moelle.
Cette odyssée, qui n’est sans rappeler celle d’Ulysse par certains aspects, plaira sûrement au lecteur curieux de découvrir quelque chose de vraiment différent, qui n’a que peu d’équivalent dans les parutions passées et actuelles. Elle risque cependant de laisser certains lecteurs sceptiques, voir totalement indifférents à son charme et à ses réflexions. Car est-ce un récit de voyage, ou d’un rêve, l’illusion d’un esprit qui se sait mourant et tente de s’évader une dernière fois ?
A vous de choisir.
— gilthanas