La Sève et le givre

La Sève et le givre est un roman ou le conte et l'onirisme fusionnent naturellement. L'intrigue n'est certes pas originale, une histoire d'Amour entre un être immortel et une Fée crée pour l'amener à sa perte lui et son monde, mais elle est traitée par Léa Silhol avec la perfection et la beauté glacée dont elle est capable.
Experte et passionnée de Féerie, elle a en effet su capturer l'essence et l'intemporalité même de ce Monde. Le déroulement de l'action paraît suspendu, le passage des saisons et la vision de l'environnement confinent au merveilleux par la précision et la qualité des descriptions. Les héros sont cruels et distants mais l'Amour décliné à tous les temps (il est vengeur, passionné, tragique, naïf, jaloux, traître, beau, mortel) les surprend, sur le passage de l'héroïne, alors qu'ils se croyaient immunisés de par leur nature à ce sentiment humain. Leurs émotions troublées permettent au roman de se dégeler dans une dernière partie magnifique.
La principale critique de ce roman est que cette maîtrise totale du sujet peut laisser le lecteur à la fois, ébloui et détaché des péripéties des différents protagonistes. Le style riche paraît de temps en temps "précieux" mais peut-on réellement reprocher à un livre d'être écrit d'une aussi belle manière.
Ce livre luxueux, rare peut être rangé sans rougir aux côtés des ouvrages de l'Américain John Crowley et de la Britannique Tanith Lee. Il est à lire enfin pour découvrir comment l'Hiver se colore pour laisser le Printemps et tous les espoirs, même nostalgiques, s'éveiller.

— Ashes