Avec Age of Ash, Daniel Abraham renoue avec ses premiers amours, soit la fantasy épique. Nous avons même droit au format trilogie ! On pouvait se demander dans quelle direction l'auteur rebondirait après avoir conclu son cycle de The Expanse en duo Ty Franck, voici la réponse.
Au centre de cette nouvelle trilogie donc, la cité de Khitamar, qui devrait également héberger les deux tomes suivants et lui donne son nom. Visage anonyme parmi la foule, pickpocket et voleuse, la jeune Alys assure sa survie comme elle le peut. Lorsque son frère est tué, elle décide d'agir en espérant parvenir à faire traduire le meurtrier en justice, avec l'aide d'un ami...
Age of Ash se révèle, malgré l'importance du cadre, centré avant tout sur ses personnages, principaux ou secondaires. Chacun des protagonistes majeurs bénéficie en tout cas du même soin dans les portraits que nous en brosse Abraham, de même que dans leurs doutes naissants au sujet de leurs loyautés respectives. Lui-même est toujours aussi doué pour faire vivre aussi bien les bas-fonds que les beaux quartiers de sa ville. Si l'on met de côté un certain penchant de sa part pour des descriptions parfois presque trop fouillées (surtout au début), sa plume est toujours aussi efficace.
Une fois les pièces du puzzle mises en place, tout avance sans à-coup. Si le contexte global, de même que le type de personnages mis en avant, s'avèrent indéniablement ancrés dans le registre de cette fantasy épique, le roman lui-même, à l'image d'ailleurs de La Dague et la Fortune par exemple, privilégie la tension à l'action débridée. Avec le choix de son échelle (de temps comme de lieux) limitée, notamment, ou la place accordée au volet "enquête", on a parfois l'impression de sentir un petit parfum "old school", surtout du côté du camp de ceux censés incarner les méchants de l'histoire.
Si vous en avez assez de ces univers de fantasy toujours plus sombres ou plus désespérés, cela pourrait d'autant plus vous intéresser.
Age of Ash constitue donc un premier tome qui se lit avec grand plaisir, bénéficiant de la plume toujours aussi élégante de Daniel Abraham. Et son histoire demeure suffisamment bien troussée de bout en bout pour nous donner envie de découvrir la "suite", d'autant que les deux autres volumes annoncés, se dérouleront la même année (tiens, tiens !) et avec des personnages qui s'entrecroisent.
— Gillossen