Cinq ans après la fin de Clues, sa première série où elle revêtait la double-casquette de scénariste et dessinatrice, Mara revient avec une nouvelle œuvre, Spirite, qui devrait également comprendre quatre volumes. Au Londres victorien perdu dans le smog succède le New York du début des années 30 et une intrigue faisant la part belle au surnaturel, puisque le héros, Ian Davenport, est un chercheur en spiritologie qui invente diverses machines pour attraper les fantômes afin de les étudier. Évidemment, entre la ville qui ne dort jamais et la chasse aux ectoplasmes, difficile de ne pas penser à Ghostbusters. La référence est prise en compte sans toutefois que l’on s’y attarde outre mesure et elle n’est jamais écrasante ou trop appuyée.
D’un prologue en Sibérie au cœur du récit se déroulant trente ans plus tard, on est embarqué à la suite des héros dans une sombre histoire d’assassinats de spirites par un mystérieux personnage. Les deux protagonistes principaux ne brillent pas particulièrement par leur originalité : le nerd enthousiaste quand il aborde son sujet de prédilection mais timide le reste du temps, la jeune journaliste, Nell Lovelace, sceptique mais qui désire faire ses preuves avec ce qu’elle espère être enfin un vrai sujet digne de son talent… Ils sont cependant plutôt attachants avec leurs blessures personnelles et une ascendance parfois encombrante et ils sont assistés par des personnages secondaires qui ont du potentiel, comme Mary Pickett, ancienne pilote d’avions qui se retrouve entraînée malgré elle dans leurs aventures.
Le trait de Mara, influencé en particulier par Don Bluth, est toujours agréable à contempler et a gagné en assurance et précision depuis ses débuts. De plus, les péripéties s’enchaînent sans aucun temps mort. Cela étant, premier tome oblige, pourrait-on dire, à peine commence-t-on à découvrir la véritable nature de l’antagoniste et ses intentions qu’on nous laisse sur un cliffhanger. Quoiqu’il en soit, Tunguska se révèle très plaisant à lire et rend curieux d’en découvrir la suite.
— Zakath