Le Dernier dragon sur Terre n'est autre que le premier ouvrage de fantasy "adulte" signé Eoin Colfer, le papa d'Artemis Fowl, qui a lui-même eu récemment droit à une adaptation pour le moins en demi-teinte chez Disney. Un roman de fantasy dans le bayou, qui lorgne volontiers sur le polar.
Que vaut donc cette incursion sur de nouveaux territoires pour l'auteur ? Eh bien, elle n'est pas déplaisante mais n'a rien de renversante, ni de très dépaysante, à dire vrai. Le point de départ, tout comme le cadre n'ont rien de follement original, la recherche du bon mot, polar et humour obligent, non plus. Très ancré dans son époque (les références fusent), le roman l'est d'ailleurs peut-être trop. Si quelqu'un compte lire Le Dernier dragon sur Terre dans 15 ans, cette lectrice ou ce lecteur saisira-t-il encore l'allusion à Marie Kondo à ce moment-là, pour ne citer qu'un seul exemple ? Si ce n'est pas le cas, le texte perd encore en saveur.
Pour le reste, l'intrigue principale ne s'avère pas plus haletante que ça et le sort de notre pseudo anti-héros ne nous touche guère en cours de route. En réalité, à part le jeune Squib, que l'auteur parvient à rendre rapidement attachant, les protagonistes de cette histoire sont un peu falots. Le ton général, même si l'auteur n'hésite pas à faire preuve d'un vocabulaire parfois fleuri, ne se montre quant à lui pas spécialement orienté vers le registre "adulte" mis en avant. Le monde passé des dragons reste de son côté bien flou, et, pour une fois, on n'aurait pas dit non à un peu plus de world-building.
On arrive à la fin du roman d'un œil presque distrait, même si Eoin Colfer a toujours pour lui un vrai sens du rythme et du découpage, des atouts "techniques" qui sont ici au cœur des points forts de l'histoire. C'est toujours ça de pris, bien entendu, mais voilà qui illustre aussi les limites de cette histoire.
Et cela rejoint notre constat final : Colfer signe là un roman qui se lit sans souci mais qui, il nous semble, ne cherche jamais à proposer autre chose qu'une distraction innocente et malheureusement vite oubliée. Mais si vous ne nourrissez pas d'attentes particulières à son égard, il saura sans doute vous plaire.
— Gillossen