The Kingdom of Liars fait partie des sorties mises en avant outre-Atlantique cet été - en tout cas on le retrouvait dans la liste de pas mal de sites compilant les parutions à surveiller - et quand il est question qui plus est d'un roman mis en avant par Brandon Sanderson... il semblait tout à fait normal d'y jeter un œil.
Avec un peu de plus de 600 pages au compteur, les amateurs de fantasy épique ne seront pas dépaysés par la taille de ce premier roman. Étonnamment, le monde reste d'ailleurs assez flou malgré la longueur et cette relative absence de pourra constituer un (premier) défaut aux yeux de certains. Martell nous jette de nombreux éléments à la tête sans jamais s'appesantir dessus, à l'image de cette lune fracturée au-dessus de la tête des protagonistes de cette intrigue.
Pour le reste, on se prend assez vite au jeu de savoir ce qui attend notre héros se lançant dans une longue confession en attendant son exécution, même si le début est très lent. Un suspense qui quoi qu'il en soit fonctionne toujours, avec un tel parti pris ! Malheureusement, c'est à peu près tout et un point de départ astucieux bien que déjà souvent croisé - de même que le concept même de souvenirs qui s'effacent - ne garantit pas une bonne histoire, et donc un bon roman.
La faute en partie à des personnages hautement caricaturaux, parfois jusque dans leurs noms ((le personnage principal se nomme tout de même Michael Kingman). Michael, justement, est sans doute le plus agaçant de tous, avec un fort penchant pour fuir ses problèmes et se plaindre, ce qui s'avère tout de même problématique, puisque c'est à travers ses yeux que l'on plonge dans cet univers.
Sous un vernis de fantasy, l'auteur ne fait pas beaucoup d'efforts pour dissimuler le fait de nous illustrer sa vision d'une société occidentale (sans compter la mention de choses comme de la "vodka" par exemple, parfait pour nous faire sortir de l'histoire) en proie à des troubles grandissants à coups de raccourcis paresseux. On a parfois l'impression d'une fantasy "à l'ancienne", où l'immersion n'a que bien peu d'importance du moment que l'on peut miser sur l'action. La dimension magique n'apporte pas grand-chose non plus, même si on comprend bien que c'est un élément qui a pu plaire à Sanderson.
Le final a beau enfin s'animer un peu, et raviver un certain intérêt, on se dit assez tôt que l'on pourrait très bien se contenter de lire un résumé de ce qui va se passer par la suite plutôt que de prendre le temps de le lire nous-même.
Bref, autant dire que l'on est loin du Nom du Vent ou même de réussites plus modestes de ces dernières années ; et que l'on ne partagera pas l'avis de l'auteur de Fils-des-Brumes !
— Gillossen